A l’affiche :
Jusqu’au 29 juillet 2017
Lieu :
Théâtre de l’Oeuvre
55, rue de Clichy
75009 PARIS
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Par Ingmar Bergmann pour Carré Or TV
« Original, drôle,
inventif et fulgurant »
Nous sommes au Théâtre de l’Œuvre, pour assister au jubilée de Jean-Jacques Detoque, le fils d’un grand chef disparu, dont l’ombre tutélaire plane sans cesse sur lui, à tel point qu’il lui a été impossible de suivre un autre chemin que la voie abordée, en son temps, par son père que tous continuent de révérer, et que la question d’un « ailleurs » ou, encore, d’un « autrement », ne lui fut, alors, même pas permise.
Pourtant, et alors que tout s’annonçait, pour Jean-Jacques Detoque, sous les meilleurs auspices dont on puisse rêver, le jour qui devait consacrer l’apothéose du fils devient bientôt l’apocalypse de son enviable carrière et, peut-être, de sa vie toute entière car, bien que toutes les précautions aient été prises, malgré l’entourage efficace et consciencieux de ses très nombreux collaborateurs, tous très dévoués et presque autant aguerris que lui aux pièges de sa fonction et, aussi, malgré la très longue expérience du protagoniste, rien ne se déroulera finalement comme prévu.
Nous accompagnons donc Jean-Jacques Detoque dans l’intimité des préparatifs précédant son apparition publique et, ensuite, durant cette même apparition et, tout au long de ce processus, parfaitement balisé, en apparence du moins, avec ses passages obligés, sa démagogie et le cynisme habituel de ceux qui ont cessé d’être les dupes de leur propre jeu. Finalement et contre toute attente, c’est un homme très sincère et très attachant, qui se livre à nous, conscient de laisser apparaître la faille et les paradoxes qui gouvernent sa vie : tantôt il semble déterminé, complaisant, fier de lui, intransigeant et parfois, même, à la limite de la suffisance ; tantôt il semble triste, abattu, fragile, faible, seul, abandonné et ne cessant finalement jamais de douter de lui-même, en dépit de la permanente assurance qu’il affecte, magnifiée par l’armure étincelante de l’homme à succès, auquel tout semble réussir, ou avoir réussi, du moins : jusqu’à présent car, dans la vie d’un être humain, on ne peut pas, à la fois, « être » et « avoir été », et la célébration du jubilée représente peut-être justement le moment de bascule, et le point d’équilibre avant la rupture…
« Être » et « avoir été »
Jean-Jacques Detoque nous touche et nous émeut, tous autant que nous sommes car, comme lui, nous composons sans cesse avec celui ou celle qui est en nous, secrètement abrité(e) de l’incompréhension et de l’hostilité de la société dans laquelle nous évoluons, d’une part et, d’autre part, celui ou celle que nous donnons à voir aux autres, cette sorte de fiction idéalisée de nous-mêmes à laquelle nous nous efforçons absolument de ressembler, ne ménageant pas nos moyens pour donner le change, autant que possible, mais sans trop savoir si nous y parvenons vraiment car, le plus souvent, nous ne trompons que nous-même…
Dans son existence et parmi ceux qui composent son entourage, chaque être humain est toujours la personnalité de premier plan ; il y a, pour chacun, un rôle à jouer, pour soi et pour les autres, et l’obligation de ne jamais démériter de cette responsabilité de paraître. Chacun d’entre nous est, finalement, un colosse aux pieds d’argile ; et ce n’est pas la moindre des leçons qui nous soit dispensée par ce spectacle, justement, que de nous aider à nous en ressouvenir et, partant, à relativiser quant aux enjeux de notre propre rôle, dans la société. Nous sommes tous forts et faibles à la fois ; mais, en cela, nous sommes tous les mêmes, et le spectacle « Douze millimètres » nous rappelle, ainsi, l’universalité de l’être humain car, d’un individu à l’autre, les difficultés se ressemblent beaucoup…
À cela s’ajoute, encore, et comme pour contraster avec cette métaphysique, la légèreté, l’humour, la provocation et l’irrévérence consommée, avec laquelle Jean-Jacques Detoque est très à l’aise quand il s’agit d’agrémenter son propos et, aussi, l’apparente désinvolture avec laquelle il s’adresse au Public, de manière on ne peut plus directe, en le malmenant affectueusement. Pour le spectateur, c’est autant de bonnes raisons de venir passer un moment déroutant autant qu’agréable, avec sa famille ou avec ses amis.
En compagnie de Julien Boisselier, le brillant interprête, et metteur-en-scène, de la pièce de Vincent Juillet et Mélissa Drigeard, ce sera donc : « une belle journée pour continuer… »
Extrait vidéo :
Julien Boisselier affiche une recette déroutante, dérangeante et surtout pas consensuelle. Avec un texte cuisiné aux petits oignons, assaisonné de vidéos qui flattent le palais, le comédien mitonne un seul en scène aux saveurs aigres-douces et pour les convives, c’est une vraie tarte dans la gueule… Euh, j’en reprendrais bien une tranche…
Je dois dire que j’aime bien Julien Boisselier. Il est beau, charmant, avec sa petite voix séduisante et son sourire craquant. Et puis, dans ses films, il est souvent drôle. Dans son spectacle seul en scène, il est toujours aussi chou, mais en plus très émouvant, inventif, original. Il nous emmène dans son petit monde, avec de la vidéo, de la cuisine et plein de trouvailles. Il kif et nous aussi. C’est top. Allez-y.
Ce spectacle est un ovni qui mélange humour, décalage, poésie, vidéo, cuisine, musique, folie tout en nous donnant à penser au sens de notre vie !! On en ressort, en tous cas moi, secoué dans le bon sens du terme et avec en prime l’envie de dévorer la vie !!! Un grand bravo à Julien Boisselier qui est plus qu’étonnant