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Par Marie-Christine pour Carré Or TV
Un spectacle prisé, énergisant !
Pierre Pradinas met en scène au Théâtre Le Lucernaire trois nouvelles de Tchekhov : « Les Méfaits du Tabac », « Une demande en mariage » et « La mort d’un fonctionnaire ». Parmi toutes les pièces de ce grand dramaturge russe de la fin du XIXe siècle, ces nouvelles ne jouissent pas de la même notoriété que « La Mouette », « Oncle Vania », « Les Trois Sœurs » ou « La Cerisaie », cette dernière étant la pièce écrite juste avant sa mort en 1904.
Le metteur en scène a fait le choix d’un théâtre de proximité, sans décor à proprement parler, à l’exception de quatre chaises, laissant les comédiens être transcendés par le texte de Tchekhov. L’auteur, qui a fait des études de médecine, présente dans ces trois nouvelles des personnages aux prises avec des problèmes psychologiques, qu’il a littéralement radiographiés avec une écriture ciselée, exposant ainsi la complexité de chacun.
Derrière la farce propre aux écrivains russes, une grande tristesse se dissimule toujours. Dans « Les Méfaits du Tabac », un monologue brillamment soutenu par l’excellent Philippe Rebbot, le personnage, économe dans un pensionnat de jeunes filles, est contraint par sa femme directrice de faire une conférence sur les méfaits du tabac. Cependant, il en profite pour dévoiler ses 33 ans de mariage malheureux, étouffant dans une vie conjugale étroite.
Dans « Une demande en mariage », Lomov (Romain Bertrand), un trentenaire souffreteux, demande la main de Natalia Stepanovna (Prune Ventura), sous le regard du père (Philippe Rebbot). La situation dégénère lorsqu’ils discutent du « Pré aux vaches », révélant un vaudeville et une farce, soulignant les mariages arrangés des propriétaires terriens et préfigurant les difficultés de la vie conjugale.
La dernière nouvelle, « La Mort d’un fonctionnaire », débute au théâtre lorsqu’un fonctionnaire éternue sur la tête chauve d’un général. Malgré des excuses acceptées, le fonctionnaire, interprété par Philippe Rebbot, est rongé par les remords. Tchekhov se moque ainsi de la servilité des fonctionnaires et de la bureaucratie à travers ce personnage pitoyable face à un général interprété magistralement par Quentin Baillot.
Découvrir ces trois nouvelles, toujours d’actualité, est une occasion de redécouvrir le génie de Tchekhov, disparu prématurément à l’âge de 44 ans.