Par Angélique pour Carré Or TV
« Dans sa 97ème année, les plus beaux yeux du cinéma se sont fermés définitivement ce matin, le mardi 20 décembre 2016 », a annoncé la famille de Michèle Morgan.
Devenue une étoile dans le firmament des légendes du Cinéma, retraçons le parcourt de cette merveilleuse actrice à l’apogée de sa gloire dans les années 40 à 50. Michèle Morgan a tourné environ 70 films.
« T’as d’beaux yeux, tu sais » est une réplique écrite par jacques Prévert dans le scripte de « Quai des brumes pour jean Gabin et la réponse de Michèle Morgan était « embrassez-moi », ce qu’il a fait avec une ardeur qui l’a même surprise. Comment cette simple phrase a-t-elle eu autant de succès, devenant la signature artistique de Michèle Morgan ?
C’est d’ailleurs ce qui a inspiré le titre de ses Mémoires, publiés en 1977, qui s’intitulaient Avec ces yeux-là paru aux éditions Robert Laffont.
C’est aussi cette phrase qui sera gravée sur l’épée d’Académicien de son compagnon Gérard Oury.
Michèle Morgan est née Simone Roussel, le 29 février 1920, année bissextile, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), et a grandi à Dieppe (Seine-Maritime). Ce qui lui ferait en fait 23 ans ….. et non pas 96 ans.
Elle était un garçon manqué, loin de la féminité évanescente et fatale de ses rôles ultérieurs.
Sur la plage de Dieppe, elle gagne un concours de photo qui lui donne envie de s’envoler vers la capitale. Ainsi, elle se retrouve chez ses grands-parents à Neuilly.
Dans les années 30, elle fait de la figuration, jusqu’au jour où elle se retrouve sur le tournage de
Mademoiselle Mozart avec Danielle Darrieux. Le metteur en scène, Yvan Noé, croit en elle et l’incite à prendre des cours de théâtre chez René Simon tout en la faisant tourner dans Mes tantes et moi.
Elle prend le pseudonyme de Michèle Morgan, clin d’œil à Gaby Morlay. Quant à Morgan, elle l’emprunte à une banque. Ce nom à consonance anglo-saxonne pourrait éventuellement lui ouvrir une carrière internationale. C’est sous le nom de Michèle Morgan qu’on la retrouve dans « Gigolette » d’Yvan Noé et dans « Le Mioche » de Léonide Moguy.
Marc Allégret lui propose le rôle principal de Gribouille (1937) avec Raimu. Elle a 17 ans. Ensuite, elle tourne Orage, de Marc Allégret, avec Charles Boyer, grande star de l’époque. C’est grâce à Gribouille qu’elle va retenir l’attention de Jean Gabin pour le célèbre « Quai des brumes » en 1938.
Marcel Carné et Jacques Prévert choisissent Michèle Morgan dont l’image devient emblématique d’avant la 2ème guerre mondiale. C’est le tournant et la fin d’une époque.
Michèle joue à nouveau avec Jean Gabin à Berlin, partenaire dans le film comme dans la vie, dans le décevant « Récif de corail » (1938), de Maurice Gleize.
Puis dans « Remorques », de Jean Grémillon, toujours avec Jean Gabin et avec Madeleine Renaud. La guerre vient interrompre le tournage démarré en 1939. Il sera repris en 1941 et sort en novembre 1941. Entre temps, Michèle Morgan et Jean Gabin se sont exilés aux Etats-Unis.
Elle signe un contrat avec le studio américain RKO mais Hollywood passe à côté de cette merveilleuse actrice.
Elle joue dans « Joan of Paris » sorti en 1942, de Robert Stevenson, « Two Tickets to London » sorti en 1943, d’Edwin Marin, et « Passage to Marseille » sorti en 1944, de Michael Curtiz, au moment où son partenaire, Humphrey Bogart est en plein divorce.
Elle loupe deux rôles, qui reviennent à chaque fois à Ingrid Bergman : « Soupçons » car Alfred Hitchcock trouve son anglais insuffisant. Et celui de « Casablanca » un film de Michael Curtiz avec Humphrey Bogart, car son agent demande un cachet trop élevé. Ingrid Bergman acceptera ce rôle en proposant la moitié de ce cachet.
En parallèle, elle quitte jean Gabin pour épouser Bill Marshall, le 15 septembre 1942 avec qui elle aura un enfant, Mike, né le 13 décembre 1944. Ce mariage est un échec et Michèle Morgan revient en France à la Libération. L’après-guerre ne lui rendra pas son aura de star.
Pourtant, elle remporte en 1946 le prix d’interprétation du premier Festival de Cannes pour son rôle dans La Symphonie pastorale, de Jean Delannoy , adapté du roman du d’André Gide.
Elle jouera dans les films avec une beauté presque surannée : Maria Chapdelaine (1950), de Marc Allégret ; Joséphine de Beauharnais dans Napoléon (1954), de Sacha Guitry ; Marie-Antoinette dans Marie-Antoinette, reine de France (1955), de Jean Delannoy. Les Orgueilleux d’Yves Allégret et
Les Grandes Manœuvres (1955), de René Clair, aux côtés de Gérard Philipe.
Michèle morgan a marqué le cinéma français des années 1940 et 1950 avec les films « Remorques », « L’Etrange Madame X » et « Si Paris nous était compté ».
À Rome, elle rencontre Henri Vidal, avec qui elle tourne « Fabiola », réalisé par Alessandro Blasetti. Un an et demi plus tard, le 6 février 1950, ils se marient en secret. Mais Henri Vidal meurt de son addiction à la drogue le 10 décembre 1959, peu de temps après le décès de Gérard Philippe.
Gérard Oury s’installera ensuite dans la vie de Michèle Morgan. Ils s’étaient rencontrés au Cours Simon, en 1949. Ils ont joués ensemble dans « La Belle que voilà » de Jean-Paul Le Chanois. Puis Michèle est emportée dans un tourbillon de tournages parmi lesquels « Le Château de verre » de René Clément, avec Jean Marais, et « Destinées » de Jean Delannoy où elle incarne Jeanne d’Arc.
Elle traversera les années 60 en ratant le tournant de la Nouvelle Vague . Elle refuse un rôle dans « Senso » avec Luchino Visconti et dans « La Nuit » de Michelangelo Antonioni. Les réalisateurs de l’époque sont moins enclins à choisir des acteurs trop connus ou trop chers.
Pourtant elle joue avec Gérard Oury, devenu metteur en scène pour « Le crime ne paie pas », en 1961. On la retrouve dans « Landru » de Chabrol, en 1962 et dans « Benjamin » de Michel Deville, en 1967.
Claude Lelouch lui donne un rôle dans « Le Chat et la Souris » où elle affirme sa sensualité, malgré son âge. Ce dernier en garde un souvenir émouvant et délicieux.
Elle devient la Marraine du 50e Festival de Cannes, en 1996 et reçoit un Lion d’Or à Venise. En 1997 elle tourne dans un téléfilm de France 2, « Pour faire plaisir à maman », écrit par Danièle Thompson qui n’est autre que la fille de Gérard Oury.
Michèle Morgan s’est aussi consacré au théâtre. En 1977 elle joue avec Pierre Mondy, Le Tout pour le tout et dans « Les monstres sacrés » qu’elle a joué en 1993, aux Bouffes Parisiens avec Jean Marais.
Elle avait consacré la dernière partie de sa vie à la peinture. a été élue dix fois par le public « actrice française la plus populaire ».
Si les yeux sont le miroir de l’âme, c’est ce que Michèle Morgan est allé vérifier en allant de l’autre côté du voile, retrouver son âme et briller telle une étoile dans le firmament des légendes du cinéma.
Un service religieux sera célébré vendredi 23 décembre 2016 à 10h30 à l’église Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine, a précisé sa famille. L’inhumation aura lieu au cimetière du Montparnasse à 12h30, dans le caveau de famille.