Faisons un rêve au théâtre de la Madeleine

Par Nathaly pour Carré Or TV

Quel plaisir de retrouver Guitry

dans une interprétation magistrale !

Un couple arrive au domicile d’un ami avocat. Ce dernier tarde à arriver. Son appartement de bourgeois célibataire est finement décoré de tableaux bigarrés.

Cet avocat, séducteur presque invétéré, ne plaide pas vraiment, car préférant jouir de la vie, des femmes et dépenser son argent.

Le mari qui s’exprime avec un fort accent méridional semble pressé de repartir, sans même attendre l’arrivée de leur hôte, prétextant une obligation professionnelle avec un américain du sud.

Son épouse est une jeune femme élégante. Pas vraiment dupe, elle enjoint son mari (qui d’ailleurs se perd un peu dans ses mensonges « ne pas dépasser les limites de la vraisemblance ») à se rendre à ce soi-disant rendez-vous d’affaires, tout en se doutant qu’il s’agit certainement plus d’un rendez-vous galant.

Le mari part vers ses probables frasques, et l’avocat sort enfin de sa salle de bains, heureux de se retrouver en tête à tête avec celle qu’il convoite depuis plus d’un an.

« J’adore les femmes mais je les trouve assommantes »

Va s’ensuivre une soirée et une nuit de folie amoureuse, le mari découche, la femme aussi, l’amant dans son élan va jusqu’à promettre le mariage à celle qu’il croit avoir plongée dans une infidélité inextricable.

C’est léger, c’est intelligent, c’est moderne, et subtilement coquin. Une pièce qui finalement n’a pas pris une seule ride.

« Faisons un rêve » en se moquant gentiment

des hommes est tout sauf misogyne

Comédie de mœurs, non conventionnelle, « Faisons un rêve » pièce de jeunesse de Sacha Guitry, a été jouée pour la première fois en 1916 au Théâtre des Bouffes Parisiens (Raimu jouant le rôle du mari et Guitry celui de l’amant). Sacha Guitry l’adapta par la suite au cinéma en 1936.

De nombreux acteurs ont depuis endossé le rôle de l’amant (Robert Lamoureux, André Dussollier, Claude Rich, Pierre Arditi) et celui du mari (Louis de Funès, Martin Lamotte, François Berléand).

L’amant, la maîtresse et son mari

« Que peut-on faire avec une femme à part l’amour ? »

La distribution dans cette reprise au Théâtre de la Madeleine est un enchantement, tant les comédiens semblent en phase les uns avec les autres et totalement joyeux d’endosser leurs personnages.

Nicolas Briançon qui met également en scène la pièce, est l’amant. Il est tout simplement parfait, car tour à tour drôle, charmant ou plus complexe.

Marie-Julie Baup, est Germaine l’épouse. Cette actrice inoubliable dans le « Irma la douce » mis en scène par Nicolas Briançon en 2015 au Théâtre de la Porte Saint-Martin, est délicieuse dans son rôle de femme infidèle.

Eric Laugerias, épatant l’année dernière dans la pièce « La passation », est Gustave le mari. Il transporte à chacune de ses apparitions la salle en éclats de rire.

Spéciale dédicace pour Michel Dussarat qui joue le rôle d’Emile le valet de chambre. Avec son petit côté Priscilla Folle du Désert, il est hilarant.

« Faisons un rêve » au Théâtre de la Madeleine est un pur délice théâtral.