A la vie à la mort au Théâtre du Rond Point

Enfants, adolescents, nous avons tous fait un jour ce serment solennel. « A la vie, à la mort ». Engagement de fidélité́, d’amitié́ jusqu’à notre dernier souffle.

Les années passant : mariage, travail, enfants…

Ce serment d’amitié́ s’effiloche puis disparait parfois avec le temps. Gilles Gaston-Dreyfus lui croit à l’amitié́ et il a raison ! En écrivant sa pièce, il a pensé aux comédiens qui forment avec lui ce trio de vrais copains sur scène.

Auteur, metteur en scène et comédien, Gilles Gaston-Dreyfus joue une fois encore avec Anne Benoit, sa complice de toujours et a demandé́ à son ami Stéphane de Groodt de former ce trio inséparable : Joseph, Hélène et Paul.

Hélène, célibataire endurcie, vient d’enterrer son père, ses deux amis de toujours sont à ses cotés. Elle a besoin de leurs présences car désormais elle est vraiment seule. Même à la soixantaine, on se sent orphelin à la mort des parents. Alors les bras de Joseph et de Paul lui sont indispensables. Eux seuls peuvent lui permettre de garder le cap, de ne pas sombrer.

A la sortie de ce cimetière de campagne, il fait beau. Sans ces funérailles, la journée aurait été vraiment épatante. Hélène évoque les derniers souvenirs de son père. Sa tristesse est grande, elle a besoin du contact physique de Joseph et de Paul. Puis tout naturellement dans ces moments là, la discussion tourne autour de la mort.

Les caveaux, le nombre de places… Peu à peu, ils songent à leur propre disparition !

Malgré́ ce climat de tristesse, de grande émotion, l ‘humour est au rendez-vous. Chacun d’entre nous connaît les crises de fou rire lors d’enterrement !

Alors les 3 amis s’enfoncent dans la campagne et comme à l’habitude, ils parlent de tout et de rien. Paul a mal aux dents. Joseph, psychiatre craint de s’égarer et de ne pas retrouver la maison d’Hélène  Hélène commence à parler de ses premiers émois amoureux…

En fond de scène, les vues champêtres, sous-bois… changent à mesure que la discussion devient de plus en plus animée entre eux. Ils s’expriment sans filtre, ils sont entre eux, il n’y pas de tabou. Alors ils se chamaillent, mais ils se connaissent depuis si longtemps !

Soudain, le temps change, les nuages sont de plus en plus menaçants. L’orage éclate. Trempés les 3 amis se refugient sous le toit d’une cabane. Le plus inquiet est bien entendu Joseph.

Si les 3 amis ont bien chacun leur propre névrose, le plus atteint est sans le moindre doute le psychiatre.

Gilles Gaston-Dreyfus montre avec finesse la fragilité́ de chaque personnage, chacun porte en lui ses drames et aussi ses non-dits.

Joseph découvre avec stupeur qu’Hélène a été amoureuse de lui, lorsqu’ils entaient encore jeunes. Il n’a rien vu, rien senti ! Qu’il soit rassuré, aujourd’hui elle ne l’est plus ! A leur façon cette femme et ces deux hommes sont terriblement fragiles, limite paumés.

L’amitié́ a été très souvent traitée aussi bien au théâtre qu’au cinéma. Robert Guédiguian a sorti dans les années 90 le film « A la vie, à la Mort ». Gilles Gaston-Dreyfus reprend lui aussi ce thème des liens indéfectibles que constitue l’amitié́ entre deux ou plusieurs êtres.