Camille contre Claudel au Théâtre du Roi René

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Artistes : 

Lola Zidi , Hélène Zidi et  Gérard Depardieu dans la voix de Rodin

A l’affiche :

Jusqu’au 9 février 2019

Lieu :

Théâtre du Roi René

12, rue Edouard Lockroy

75011 PARIS

Réservation en ligne
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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Beau et émouvant !

 

75 ans après son décès, Hélène Zidi a rendu justice à Camille Claudel en écrivant et en mettant en scène « Camille contre Claudel » et enfin en l’interprétant avec celle qui lui est le plus proche, sa fille : l’excellente comédienne Lola Zidi.

Cette pièce est un échange verbal entre Camille septuagénaire, enfermée depuis 3 décennies dans un asile pour aliénés
et Camille jeune, belle et heureuse, sculptant dans son atelier.

Auguste Rodin a très vite décelé chez Camille Claudel, élève de son atelier, son don exceptionnel de sculptrice
Muse et amante passionnée de ce dernier, ils s’inspirent mutuellement.

Mais le génie de Camille est étouffé par le grand Maître, elle restera toujours dans son ombre, pour finir dans l’obscurité !

La voix grave et chaude de Gérard Depardieu fait revivre le Sculpteur des Bourgeois de Calais « Ma très bonne, à deux genoux, devant ton beau corps que j’étreins… »
et l’innocente et amoureuse de lui écrire : « Surtout ne me trompez pas ! »

Rodin l’aime, mais reconnu de son vivant comme l’un des plus grands sculpteurs de son temps, il continue d’exercer sans répit sa séduction sur la gente féminine, ce qui rend Camille folle de jalousie.

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Surnommé à raison « le bouc sacré » il partage la vie d’un ancien modèle, qu’il épouse quelques mois avant de mourir, mais ne reconnaît pas l’enfant dont il est le géniteur !

Le monde lui pardonne ses écarts car c’est un grand artiste et la veulerie d’un homme n’est point condamnable.
Il y a un siècle, l’art ne peut se conjuguer qu’au masculin !

Durant dix années cet amour ravageur altère la santé de la jeune Camille, sa jalousie se transforme en paranoïa et la conduit lentement jusqu’en enfer !
Son père meurt, c’était son unique soutien, le seul de la famille Claudel qui a cru à son art.

Très vite après ce décès, sa mère et son frère, le grand Paul Claudel, écrivain catholique signent son placement en asile psychiatrique à Ville Evrard puis à Monfavet près d’Avignon où elle décède trente ans plus tard en 1943.

Malgré ses multiples lettres déchirantes, totalement désespérées implorant sa mère et son frère Paul de sortir de ce mouroir.

LES CLAUDELS RESTENT DE MARBRE !

La pièce écrite par Hélène Zidi met en scène le face à face de la jeune et brillante élève de Rodin et cette même vieille dame qui se morfond depuis 30 ans chez les fous, abandonnée de tous.

Agée, elle pose son regard sur son passé avec Rodin avec lucidité, rancoeur et tente de mettre en garde la jeune Camille innocente, incrédule car follement amoureuse.
Le film de sa vie repasse impitoyablement, elle voudrait tant pouvoir sauver la jeune fille qu’elle a été, lui éviter toutes les épreuves de cette douloureuse existence. Dialogue incroyable !

Surtout ne pas tomber dans le piège de l’amour tendu par Rodin, ne plus l’écouter, ne plus travailler avec lui car il s’approprie ton génie, ta source créatrice.

Résister vaille que vaille
lutter, lutter encore pour être reconnue comme une artiste autonome, indépendante.
Oublier Rodin, faire fi de cette société de convenance où la femme n’a pas le droit d’exprimer son art.

L’écriture de « Camille contre Claudel » est un hymne à la liberté.

Rodin a tout pris à Camille Claudel : Son cœur, son corps, son génie.

En avortant deux fois, elle n’a jamais connu la joie d’être mère et ces sacrifices à répétition l’ont conduit aux abîmes.

Ces deux comédiennes souffrent sous nos yeux de cette passion destructrice, les mots sont forts, le gestuel chorégraphique de ces deux Camilles en miroir est déchirant d’émotion et nous entraîne dans le désespoir abyssal de cette grande artiste.
L’interprétation est absolument saisissante et nous sentons les liens charnels très forts de Lola et Hélène Zidi.
Mère et fille sont en symbiose totale, elles nous transportent dans un voyage émotionnel
duquel nous n’en sortons pas indemnes.

Rendre justice à cette grande Sculptrice est tellement légitime
Camille Claudel n’a pas été reconnue à sa juste valeur de son vivant en tant qu’artiste. Abandonnée par les siens dans un mouroir pour aliénés pendant trente longues années.

Son cercueil n’est pas accompagné par sa famille et elle finira dans la fosse commune ! Merci à Hélène et Lola Zidi de lui avoir rendu un si bel hommage.

3 plusieurs commentaires

  1. Un texte riche et prenant. Une pièce soignée à la beauté touchante. Une interprétation éblouissante. Un spectacle que je conseille vivement.

  2. Une histoire émouvante qui captive le spectateur dès les premiers mots. Les comédiennes sont justes, touchantes, généreuses; il s’agit d’un vrai moment de partage entre elles et le public. Elles vous feront sourire, vous donneront les larmes aux yeux. Le récit est coloré, touchant et porteur d’un message fort. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il marque l’esprit.

  3. Vraiment émouvant…tout simplement beau..un bel hommage à Camille, aux femmes, à l’être humain.

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