Artistes :
Christiane Cohendy et Clotilde Mollet
A l’affiche :
Jusqu’au 20 octobre 2018
Lieu :
Théâtre Le Lucernaire
53, rue Notre Dame des Champs
75006 PARIS
Par Marie-Christine pour Carré Or TV
Admirable !
Dialogue entre deux femmes unies par des liens charnels indéfectibles : Une mère et sa fille. Madame Christiane Cohendy, dont la carrière cinématographique et théâtrale est tout à fait exceptionnelle a reçu en 1996 le prix de la meilleure comédienne et tout récemment nominée aux Molières 2018 pour » Le tableau d’une exécution ».
Christiane Cohendy interprète cette mère, mariée trop jeune pour régulariser une situation jugée à l’époque embarrassante !!!! Divorcée, elle élève seule sa fille.
Clotilde Mollet joue avec talent Jeanne enfant puis adulte.
Durant une heure trente, nous partageons les souvenirs intimes de ce duo mère-fille durant plusieurs décennies.
Cette quête incessante de la recherche de l’autre. Ce besoin d’être ensemble pour calmer les angoisses.
La peur du noir pour la fillette qui ne peut s’endormir sans la présence de sa mère à ses côtés et plusieurs années après le cauchemar de cette dernière âgée et malade effrayée par ce noir terrifiant inspirant la mort.
Les hommes de cette pièce demeurent en arrière plans, des voix, des prénoms. Ils ne peuvent comprendre et faire partie de cette intimité : Zone non intelligible à la gente masculine. Ils ne font que passer.
Ne croyez surtout pas que Charlotte ait rayé les hommes de sa vie, bien au contraire trop jeune pour passer toutes ses soirées avec Jeanne.
Elle aime sortir, fumer, danser, porter de belles toilettes, rentrée au petit matin. Tout ce temps passé avec Pierre et les autres demeure une blessure toujours présente pour Jeanne. Et, des années plus tard lorsqu’elle devient femme et mère de famille à son tour, elle le reproche vivement à sa mère.
Il est exact de comparer l’écriture de l’auteure »Loleh Bellon » à un ouvrage de broderie. La composition est ordonnée et les mots sont semblables à de petits points, délicats et tendres.
Interprétée pour la première fois en 1984 au Studio des Champs Elysées pour notre plus grand bonheur, elle est enfin reprise au Lucernaire et jouée par deux excellentes comédiennes qui par leur talent respectif nous émeuvent et nous font beaucoup rire aussi.
La mise en scène de Laurence Renn Penel est très sobre, respectant ainsi l’intimité de ces deux femmes. Le décor demeure identique. Car, si le temps passe, cruelle réalité, les souvenirs demeurent et les époques se confondent.
Les scènes sont courtes. Les mêmes mots se répètent… Les rôles se sont inversés sans que ces dernières en soient vraiment conscientes. Désormais Charlotte réclame à son tour plus de temps à sa fille trop occupée !!!!
Beaucoup de femmes en particulier peuvent se reconnaître dans la pièce de Loleh Bellon. Ce besoin vital de ne pouvoir vivre éloignées trop longtemps de sa fille ou de sa mère. Cette attente de tendresse permanente, source de vie et en même temps, ces moments d’exaspération, de querelles et de reproches.
Aimer sa mère tout en s’acharnant à ne pas lui ressembler. Pourtant, Charlotte et Jeanne portent le même manteau rouge !!!! Complexité des sentiments : Deux femmes se regardant dans le même miroir !
Souhaitons revoir très vite sur les scènes théâtrales d’autres pièces de Loleh Bellon !
Un texte que j’ai découvert, d’une auteure que je ne connaissais pas et qui s’avère être merveilleux. Un texte tendre, touchant. Je me retrouve dans ce lien mère-fille. Admirables comédiennes.
Surtout ne pas rater deux de nos plus grandes comédiennes. Le texte a toutefois un peu vieilli, mais peu importe. Elles sont prodigieuses
Tout est parfait quand on veut avoir une réflexion sur la vie, sur l’existence, sur la famille …je suis une grand mère qui a emmené sa petite fille de 20 ans, cela nous a permis des échanges intéressants. félicitations aux actrices (quel talent) et à la metteur en scène, tellement d’idées, tellement vrai. merci