Distribution :
Emmanuelle Béart, Thomas Gonzalez, Laurent Sauvage en alternance avec Victor de Oliveira
A l’affiche :
Jusqu’au 21 mai 2017
Lieu :
Théâtre du Rond Point
2bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008 PARIS
Infos & réservations :
Par Nathaly pour Carré Or TV
ELLE, LUI ET L’AUTRE
Ou les désordres du triangle amoureux
Sur scène, un homme jeune est assis entièrement nu dans un fauteuil en velours. Très vite, un homme plus âgé et torse nu est auprès de lui et l’appelle « son petit soldat ».
Aujourd’hui est la journée Erich Von Stroheim, mystificateur et génie
Cette pièce n’a rien à voir contrairement à ce que pourrait suggérer son titre avec Erich Von Stroheim, le célèbre metteur en scène du cinéma muet.
Nous découvrons très vite les articulations d’un étrange triangle amoureux entre une femme businesswoman (jouée par Emmanuelle Béart), et deux hommes : celui avec lequel elle se considère en couple (l’homme objet qui vend son corps « L’uniforme, la rudesse et la bêtise, ça les excite… 2 ou 3 ans devant moi avant que mon corps ne s’abîme ») et l’homme enfant, plus pur, qui oscille entre elle (« Lui et moi, on te partage ») et l’autre homme qui est aussi son amant.
J’ai l’impression d’être un animal domestique tenu en laisse
Les échanges entre ces trois personnages très sexués sont comme nettoyés de toute affectivité inutile : « C’est ton corps qui parle à ta place »
« Elle » s’adresse à eux avec autorité, agressivité, il est beaucoup question de sexe (elle avec l’un ou l’autre et l’un avec l’autre) : « Tous les deux on s’amuse sans s’engager ». Le sexe qui doit s’inscrire dans ce qu’elle appelle « le quart d’heure réglementaire ».
L’un a été violé enfant par son beau-père, elle veut un enfant très vite et choisir enfin entre l’un ou l’autre de ces deux hommes.
Seule la voix de la Callas dans Sanson et Dalila de Saint-Saëns adoucit les mouvements guerriers des corps de ces 3 amants et leurs silences pourris par l’incompréhension.
L’affection que j’ai pour elle ne vient pas
du même endroit que celle que j’ai pour toi
La pièce « Erich Von Stroheim », d’une théâtralité toute contemporaine, est d’une modernité délibérément rude et transgressive. Elle a été écrite par Christophe Pellet (dont les œuvres ont été également créées ou jouées à Berlin, Londres, Bruxelles)
La mise en scène est de Stanislas Nordey (fils de Jean-Pierre Mocky) qui dirige depuis 2014 le Théâtre National de Strasbourg. Il alterne au théâtre depuis près de 30 ans d’innombrables rôles et mises en scène.
Emmanuelle Béart qui joue « elle » est la très grande surprise de cette pièce, elle y est toute en intensité et en justesse. On découvre véritablement une nouvelle actrice, toujours aussi belle, mais véritablement habitée par une nouvelle grâce. C’est son retour au théâtre, deux ans après « Répétition » de Pascal Rambert.
Laurent Sauvage est « l’un ». Acteur charismatique, qui a fait toute sa carrière au théâtre, il a souvent joué sous la direction de Stanislas Nordey : « Splendid’s » de Jean Genet, « La Puce à l’Oreille » de Georges Feydeau, « Les Justes » d’Albert Camus.
Thomas Gonzalez est l’autre homme. Véritable étoile du théâtre contemporain, il a joué dans des pièces marquantes comme : « Affabulazione » de Pasolini, « Je suis Fassbinder » de Falk Richter, « Yvonne, Princesse de Bourgogne » de Witold Gombrowicz).
La magnifique scénographie est d’Emmanuel Clolus qui a lui aussi souvent travaillé avec Stanislas Nordey que ce soit au théâtre ou à l’opéra.
La pièce est un succès, la salle est pleine.
Les spectateurs en sortent un peu groggy, craignant peut être que demain leurs propres rapports amoureux soient à l’image de ceux de ce trio.
Extrait vidéo :