Artiste :
Josiane Balasko
A l’affiche :
Jusqu’au 14 avril 2018
Lieu :
Théâtre Hébertot
78 bis, boulevard des Batignolles
75017 PARIS
Par Marie-Christine pour Carré Or TV
Josiane Balasko
dans un tour de force magistral !
31 Décembre, soir de réveillon, de liesse collective. Une femme est seule chez elle, allongée sur un sofa et essaie en vain de trouver le sommeil. Hélène Fillières qui a réalisé la mise en scène a su trouver la comédienne prédestinée : Josiane Balasko.
Une femme de caractère,
un rôle fort qui lui colle à la peau
Les spectateurs partagent la nuit blanche et harassante de la Saint Sylvestre au cours de laquelle cette femme meurtrie, tourmentée, hurle sa douleur avec une violence extrême, avec des mots incroyablement vulgaires et grossiers.
Elle éprouve un immense besoin de vengeance et ce monologue est un véritable exutoire pour libérer sa souffrance et sa grande solitude. Oui le langage est excessivement cru, mais c’est bien le texte, tel que l’a écrit la philosophe Simone de Beauvoir en 1967 !
Durant 70 minutes, Josiane Balasko joue allongée ce qui n’est pas évident pour un comédien. La lumière n’éclaire que le corps de cette femme vêtue de noir. Ce corps sans cesse en mouvement comme électrocuté par la rage, la rancœur et la vengeance.
Cette pièce est un véritable puzzle, nous découvrons peu à peu que cette femme n’a pas seulement raté son mariage, faute d’avoir été l’épouse modèle. Elle a aussi perdu la garde de son fils, n’étant pas une mère exemplaire. Enfin, sa fille de 17 ans s’est suicidée et sa propre mère qui la hait lui en fait porter la responsabilité. Elle traîne donc cette charge de culpabilité, sans pour autant se remettre en cause.
Et tout au long de ce monologue, elle demeure dans le déni. Bannie du clan familial, rejetée de toutes parts, elle n’a plus de place dans la société. Nous revivons toutes les étapes de sa vie. Cette femme toute simple, »vide son sac », avec une violence inouïe, des mots, des insultes orduriers. Sa colère l’entraîne dans les turpitudes de la mauvaise foi. Tout, absolument tout l’insupporte, les hommes de toute race, les voisins, le sexe, les voyages… La liste est sans fin. Elle est au bord de la folie. »Dormir dans la sueur des autres, dans leur crasse, manger avec des couverts mal lavés, il y a de quoi attraper des morpions ou la vérole et les odeurs me font vomir’.
»La télé aussi quelle bande de cons ».
»J’étais faite pour une autre planète,
je me suis trompée de destination ».
Josiane Balasko interprète avec justesse cette femme au caractère fort : »Ils n’auront pas ma peau, je me défendrai »
Elle veut à tout prix réintégrer le club, elle veut être réhabilitée, elle demande justice.
Simone de Beauvoir dépeint ainsi une femme parfaitement aliénée à sa condition féminine, victime de son éducation. Josiane Balasko est bouleversante d’émotion et lorsque son monologue cesse, il faut quelques instants aux spectateurs pour revenir à la réalité et remonter à la surface.
Une pièce coup de poing â la mise en scène minimaliste qui laisse toute la place à ce monologue surprenant par sa force, voire sa violence. J étais un peu loin de la scène, l éclairage discret ne m a pas permis de voir les expressions du visage de Josiane, dommage.
Josiane Balasko extraordinaire ! avec son franc – parler , laisse couler le fiel …. seule au monde et sur scène….un succès…
Très beau texte avec une interprétation remarquable.. dans un décor très sobre qui donne tout son charme !