Fridalilogue au Théâtre Essaion

François Carlier
François Carlier

Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Une rencontre incroyable entre 2 personnages !

 

Une rencontre incroyable entre deux monstres de la peinture du 20ème siècle : Frida Kahlo et Salvador Dali.

Après toutes les souffrances endurées durant son enfance et son adolescence, Frida Kahlo a fini par être amputée de la jambe droite. Coincée dans son fauteuil roulant à la « Casa Azul », seuls l’alcool, les analgésiques et certaines drogues l’aident à surmonter, du moins le croit elle ! Les douleurs physiques permanentes et son envie d’en finir.

Depuis quelques temps, la mort rode autour d’elle.

Cependant, elle veut encore y croire et se raccroche désespérément à celui qui fut et reste l’amour de sa vie, Diego Rivera.

De passage au Mexique, le grand Salvador Dali rend visite à Frida Kahlo dans sa petite maison bleue qui est pour elle sa demeure et son atelier. C’est au milieu des peintures de cette dernière que nous assistons à ce savoureux dialogue entre les deux Maestros de la peinture.

L’idée originale de cette rencontre est le fruit de Brigitte Bloch-Tabet, enseignante, écrivaine, formatrice et auteure de cette pièce « Fridalilogue »,
avec une mise en scène très réussie de Dominique Fataccioli.

Brigitte Bloch-Tabet a beaucoup écrit sur les rapports parents enfants. Elle est également l’auteure de plusieurs romans : « Miroir de sable » « Le moule de l’ange » et pour le théâtre : « Dernier arrêt avant la sortie » « Mamie Blues ».

Vêtu d’un long manteau extraordinaire et digne d’une œuvre d’art, Salvador Dali, le regard perçant, la moustache parfaitement en croc, entre dans l’atelier de Frida Kahlo.

Cette apparition semble presque onirique.

Le Maitre espagnol en tenue de représentation perpétuelle évolue tel un monarque dans l’humble atelier de la célèbre peintre mexicaine.

Frida Kahlo, fidèle à elle même, porte la tehuana colorée mexicaine, un châle sur ses épaules, sa magnifique coiffure tressée dont elle a le secret et ses célèbres sourcils noirs de jais lui donnant cet air volontaire.

Malgré́ ses souffrances, elle se montre toujours déterminée, ne flanche pas face à l’adversité́ et continue de mener son combat pour que le féminisme soit enfin reconnu au Mexique et dans le monde entier.

François Carlier

Photos François Carlier

 

Face aux attaques incessantes, au dénigrement manifeste de Salvador Dali, peintre faisant partie du sérail des surréalistes, elle crie haut et fort son rejet absolu pour ce mouvement.

Oui elle a fait des dizaines d’autoportraits, mais alitée, quasiment paralysée, il lui était difficile de peindre autre chose et ses portraits ont pour but d’exorciser les douleurs physiques endurées.

Ses peintures sont figuratives, réalistes et elle en est fière.

Salvador Dali peut-il comprendre ?

Elle ne peint pas des rêves, elle est trop vivante pour ce genre d’exercice. Elle ne veut appartenir à aucun courant artistique. Elle entend demeurer libre, indépendante. En aucun cas elle ne souhaite faire partie du microcosme de Breton, Eluard, Ernst, Picasso, Kandisky…

En 1939, l’exposition de ces peintres à Paris l’a définitivement dégoutée du surréalisme. Le grand Dali, toujours hautain et persuadé d’être le phénix du mouvement surréaliste ne cesse de rabaisser Frida.

Son ton est méprisant, il considère les toiles de cette dernière comme simplistes car trop figuratives, trop réelles, naïves et sans intérêt.

Il ne comprend pas les messages portés dans ses peintures.

Par exemple dans « Les 2 Fridas » et ce cœur peint sur les vêtements « Le cerf blessé ». Pourquoi peindre des singes, des perroquets, des colibris ? Il s’exprime avec grandiloquence, employant des superlatifs à outrance en ce qui concerne son génie.

Son art n’a pas de limite, il s’épate lui-même de sa grandeur.

Il vénère sa compagne Gala, sa muse qui ne cesse de l’inspirer et lui permet d’atteindre des sommets., Certes, son art ne peut être compris que par une certaine élite !

Tout sépare ces deux là, leur manière de vivre et d’appréhender l’existence : Frida est dans le réel Dali dans le rêve, l’inconscient et rien ne peut les rapprocher ni sur le plan pictural et encore moins sur le plan politique !

Frida Kahlo est peut être une victime de la vie mais elle reste maîtresse de son art et le revendique haut et fort.

Elle n’a aucune tendresse pour « Les montres molles » de Salvador, pour elle le temps n’est pas du fromage ! Elle se rit de ses œufs…

Derrière ces deux personnages : 2 comédiens incroyables de sincérité́. Codrina Pricopoaia donne vie à Frida Kahlo avec une ressemblance physique surprenante.

Nous avons pu déjà̀ l’applaudir dans : « Parler avec toi » « Cut », « Opéra panique ». Cette comédienne interprète avec justesse cette peintre dont la souffrance physique et psychique a donné des œuvres réalistes absolument poignantes. Bravo à Codrina Pricopoaia interprétant son rôle avec beaucoup de sincérité́ durant ces 70 minutes.

Assise et très droite dans son fauteuil elle demeure digne et battante.

Renvoyant dans les cordes, d’un revers magistral le vaniteux maître espagnol. Mathias Mégard acteur et comédien excelle dans le personnage du grand virtuose de la peinture surréaliste espagnol. Il interprète Salvador Dali d’une manière magistrale, sans tomber dans le comique, vu que le personnage a été souvent ridiculisé du fait de sa suffisance et de son phrasé.

Un excellent moment de théâtre, un texte cousu main à la perfection. Longue vie à Fridalilogue !

2 plusieurs commentaires

  1. Super moment de théâtre autour de la vie et l’œuvre de 2 personnages mythiques. On découvre ou redécouvre les accents et gestuelles de chacun d’eux dans un dialogue vif, émouvant et drôle. On ressort de là, comme charmé et honoré de les avoir rencontrer : Chacun dans sa passion se dévoile avec vivacité et talent.

  2. Ces deux artistes font partie De mes artistes préférés et je connais Monsieur Megard depuis nombreuses années je serai ravi de les voir Sur scène
    Cordialement Kamran de Kavoussi

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