Artistes :
Damien Roussineau, Alexis Perret
A l’affiche :
Jusqu’au 26 aout 2018
Lieu :
Théâtre le Lucernaire
53, rue Notre Dame des Champs
75006 PARIS
Par Ingmar Bergmann pour Carré Or TV
La guerre de Troie n’aura pas lieu
car le rire nous sauve
Deux hommes sont dans un grenier, où ils nous racontent « L’Iliade », d’après l’œuvre d’Homère, et nous font découvrir, avec enthousiasme, le lyrisme de l’auteur des auteurs.
Les costumes sont des accessoires de fortune, évoluant au gré des besoins, de l’opportunité et de la fantaisie des interprètes, et nous signifient, perpétuellement et avec une dérision irrésistible, l’auto-dérision consommée de ces deux adolescents, volontairement attardés dans les jeux d’enfants, qui nous transmettent un texte aux mille-et-un détails référencés, mais d’une façon qui nous permet de renouer, en toute sérénité, avec une ancienne culture et, aussi, avec une érudition qui nous fait parfois défaut, aujourd’hui. À rebours de la manière figée avec laquelle on considère, trop souvent et bien à tort, le passé qui nous précède et accouche de nous, nous les voyons toujours courant, sautant et virevoltant comme pour tenter de rattraper illusoirement le fil d’une histoire qui est nécessairement trop grande pour eux aussi bien que pour nous, comme le sont toutes les histoires intéressantes, en précédant presque toujours le désir du Spectateur, qui rit beaucoup et, généralement, avec bienveillance, de la maladresse parfaitement assumée de ces deux interprètes, qui nous offrent à voir deux frères espiègles et parfaitement complices.
La transmission du récit
Les acteurs Damien Roussineau et Alexis Perret, qui adaptent et mettent en scène une parole traduite par Jean-Louis Backès, sont donc, pour nous, deux garnements insolents qui nous racontent « L’Iliade », d’après Homère, avec toute l’irrévérence qu’on est en droit d’attendre de ceux qui réalisent un spectacle avec des bouts de ficelles ; pour les Anciens, pour le Théâtre, pour Homère, pour eux-mêmes aussi bien que pour nous, ils poursuivent la grâce, l’aléatoire et l’impromptu, de même que l’inopiné et l’improvisé apparents, car il y a un travail d’une très grande précision et une virtuosité indéniable derrière chaque geste, derrière chaque mouvement, derrière chaque pas de chacun des deux interprètes, si bien qu’on ne pourrait pas imaginer de duo mieux accordé que ces deux hommes quand ils sont à la Scène.
Parole de la démesure
Parfois, lorsque nous entendons la langue d’Homère, père de la littérature des Hellènes, père de la littérature ancienne et père de toute notre littérature, nous pensons presque entendre la parole de William Shakespeare, comme si l’Anglais, beaucoup plus proche de nous, géographiquement et chronologiquement, que d’Homère, avait bu l’art dramatique, et la verve et le souffle épique qui emportent presque toujours ses personnages dans les affres éprouvant l’âme humaine, au sein du théâtre de ce dernier, dont le souffle et l’ampleur pourraient avoir inspiré la démesure recherchée, accomplie, assumée et revendiquée, de même que le caractère épique de ses pièces dites « historiques ». En effet, quels que soient l’époque et le lieu, il n’y a guère de meilleure illustration que les luttes intestines entre les princes de théâtre, afin de questionner la vanité des passions humaines et leurs fins destructrices. En ce sens, le théâtre embrasse toutes les époques.
Enthousiasme et légèreté
Pour toutes ces raisons, et pour mille-et-une autres que l’on découvrira par soi-même au moment voulu, on se rendra, en famille et avec beaucoup de profit, aux représentations de cette étrange et irrévérencieuse « Iliade », d’après Homère, au Théâtre du Lucernaire, notamment car cette production actuelle de la Compagnie Abraxas, fondée en 2002 et baptisée ainsi du nom du premier roman de Jacques Audiberti, offre à la jeunesse une très plaisante entrée en matière dans la littérature et le théâtre, afin de pouvoir découvrir, avec enthousiasme et légèreté, l’œuvre et la culture des Anciens, qui fondent notamment notre société occidentale.
Extrêmement dynamique, rapide, tout en respectant le texte d’Homère et l’histoire. Assez drôle aussi. Je recommande
Fabuleuse adaptation libre. On se promène dans le délire de ce grenier. Merci d’oser donner le goût des classiques. Bravo !!!
Très drôle tout en respectant le texte d’Homère: un délice!