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Par Marie-Christine pour Carré Or TV
Intime tête à tête
Michel Monnereau a adapté́ pour le théâtre « La Vie Matérielle » de Marguerite Duras. Écrite en 1987, l’auteure eut envie d’ouvrir son cœur aux lecteurs et de se livrer à des confidences traitant de sujets les plus variés : Souvenirs d’enfance, sexualité́, alcool, amours, mort, faits d’actualité́…
« La Vie Matérielle » est en quelque sorte une parenthèse dans l’œuvre de Marguerite Duras.
Pour interpréter un tel monstre de la littérature du 20ème siècle, il fallait avant tout : Une Voix ! Une femme pas très grande en taille et bien sûr, une très forte personnalité. Le choix de la comédienne a été judicieux, car Catherine Artigala est parfaite. Elle est dans la peau de Marguerite Duras.
Durant 1 heure, de sa voix grave et ferme, elle nous livre sans tabou aucun, ses expériences les plus intimes touchant à ses amours et à sa sexualité́ débridée. Sa curiosité́ puis son intérêt sur le sujet et ceci depuis l’enfance en Indochine, puis adolescente à Paris. Enfin jusqu’à ses dernières années avec celui qui sera son dernier compagnon Yann Andréa Steiner, dont elle fera son exécuteur testamentaire.
Une vie tumultueuse, brûlant la vie par les deux bouts : Sexe, alcool, plusieurs cures de désintoxication sans grand succès.
Son récit sur l’alcool avec « Moderato Cantabile » ; les personnages répétant le même dialogue en buvant. L’alcool est omni présent. « Moderato cantabile » sera adapté́ au cinéma avec comme interprètes : Jean-Paul Belmondo et Jeanne Moreau.
Avec « La Vie Matérielle », nous suivons l’itinéraire de l’auteure : Indochine, rue St Benoit, Neauphle-le -Château et Trouville sur Mer.
Anti conventionnelle à souhait et féministe, elle n’hésite pas à malmener la gente masculine. Combien d’années a-t-elle attendu pour faire jouer ses pièces au théâtre puis après tous les obstacles surmontés, l’engouement suscité par le public.
Marguerite Duras sera autant adulée que décriée : C’est la rançon d’un auteur à succès !
Alors devenue un personnage public, elle fuit Paris et trouve refuge à Neauphle, loin de toute agitation et mondanité́ puis enfin l’Hôtel des Roches noires à Trouville, face à la mer.
Catherine Artigala débute la pièce assise, elle se confie à nous avec ses lunettes sombres sur les yeux, vêtue d’une jupe droite et d’un chemisier très classique. Identique physiquement, cette comédienne ne reste pas figée dans son fauteuil. Elle est au contraire très mobile, nous faisant vivre gestuellement les grands évènements de sa vie. Son jeu de scène est très physique.
De temps à autre la voix de la regrettée Marguerite Duras retentit.
William Mesguich en réalisant la mise en scène de cette pièce, a réussi à créer une vraie proximité́ avec ce mythe de la littérature française.
Le Théâtre Lucernaire étant parfait pour ce lieu de confidences partagées.
Après « Hiroshima mon Amour », « Indiana Song » puis « Savannah Bay », « Des journées entières dans les arbres ». Puis l’ultime récompense en 1984 avec le Prix Goncourt pour « L’amant ».
« La Vie Matérielle » adaptée par Michel Monnereau avec une mise en scène très intimiste réalisée par William Mesguich est un petit bijou théâtral. Par sa franchise, l’absence de tabou, cette pièce est souvent très drôle. Catherine Artigala joue à merveille une écrivaine excessive, brillante mais également très fragile. Avec ses peurs, ses angoisses expliquant sans doute son goût immodéré́ pour l’alcool.
Une interprétation juste avec une diction impeccable.
Un excellent moment de théâtre passé avec ce mythe incontestable que fut Marguerite Duras.