L’amour dans tous ses états au Théâtre du Splendid

Par Ingmar Bergmann pour Carré Or TV

Un homme et une femme, dans toutes les positions de l’amour.

Votre couple est en roue-libre ? Prenez le temps d’aller au théâtre ! Voici un spectacle qui vous offre de prendre enfin le recul qu’il vous faut !

Il n’y a rien de rédhibitoire dans le fait de se poser des questions sur son couple. Tout commence avec « la pulsion de s’unir » – c’est la grande affaire qui nous concerne tous, et qui constitue, dans ce contexte spécifique « la racine du bonheur » – si nous en croyons, du moins, le personnage de l’analyste, qui s’adresse à nous, à de multiples reprises durant la représentation, pour faire le lien entre le Plateau et le Public. Les acteurs parlent aux spectateurs, et leur posent des questions. Il s’ensuit de truculentes improvisations des acteurs avec les réactions des spectateurs, frôlant parfois le traditionnel clivage qui est entre les hommes et les femmes – mais, dans le Public, nombreux sont ceux qui ont besoin d’extérioriser. Le fait de mettre des mots sur son mal-être ou sur les difficultés qu’on traverse, n’est-il pas, d’ailleurs, le début d’une rédemption – ce qu’en termes appropriés, on appelle : la résilience ?

Ce spectacle aborde les différentes étapes conventionnelles du couple : rencontre, séduction, routine, jalousie, rupture ou « pause » : il y a deux écoles – et, pour finir, puisqu’on ne veut pas déflorer l’issue de la représentation : l’éventualité d’une réconciliation.

La psychologie en s’amusant !

Avec un brin de provocation, on postulera alors que la solution à tous les problèmes du couple, réside peut-être dans le couple à trois – avec le psy.

Toutes ces situations sont autant de prétextes judicieux qui permettent d’évoquer les difficultés du couple, qui se trouvent évoquées de mille-et-une manières – y compris les plus érudites : n’est-ce pas Oscar Wilde, justement, qui disait : « Être en couple, c’est ne faire qu’un – mais lequel ? »

Moins chic mais parfaitement à propos, Coluche ne disait-il pas : « Être en couple, c’est régler à deux des problèmes qu’on n’aurait pas eus tout seul. »

À cela s’ajoute encore l’expérience de Sigmund Freud : nous sommes tous, toujours « prisonniers d’une répétition. »

Ainsi, dans une ambiance de légèreté et de sérénité bon enfant, outre une réflexion analytique, individuelle ou en couple – voire : en groupe – ce spectacle offre aussi la possibilité de revoir ses classiques en la matière, et d’augmenter sa bibliographie sur le sujet du couple – car rappelons-nous que le théâtre, même quand il divertit, est toujours une invitation à la pensée.

Une réserve, cependant, à l’endroit de ce spectacle, dont le titre, efficace, nous semble un peu fallacieux, puisqu’il tend à nous faire confondre l’amour et le couple ; et encore le couple et la famille – et tient pour acquis le fait que la fin ultime de l’amour, serait de faire des enfants – probablement pour cesser enfin d’en être un soi-même ? Quid des personnes qui s’aiment et ne sont pas fécondes ni en mesure d’adopter ? Sont-elles incapables de connaître l’amour ? Quid des amours entre personnes du même sexe ? Dans notre société, qui peut nier, aujourd’hui, le caractère brûlant de ces préoccupations ?

On comprendra que le sujet n’est pas simple et qu’il mériterait, encore, de faire l’objet de plusieurs spectacles – mais celui qui nous intéresse, aujourd’hui, est une excellente entrée matière.

Extrait vidéo :