« LE FLÉAU, Mesure pour mesure » :
un Shakespeare revisité au Domaine national du Palais-Royal

Drys Penthier et Justine Marçais taillé 2 ©Olivia Bonnamour sans logotitre-1

Par Stanislas pour Carré Or TV

Audrey Dana, tendre et volcanique

 

Depuis plusieurs semaines, le Domaine national du Palais-Royal de Paris accueille un spectacle singulier qui allie la profondeur du texte shakespearien à une mise en scène moderne et engagée. « Le Fléau, Mesure pour mesure », adaptation contemporaine de la célèbre pièce de William Shakespeare, est présentée jusqu’au 7 septembre 2024. Cette version, résolument audacieuse, nous plonge dans un univers où la justice, la moralité et le pouvoir se heurtent avec intensité.

 

Une adaptation audacieuse et intemporelle

 

Écrite en 1604, « Mesure pour mesure » est une œuvre complexe qui aborde des thèmes profondément contemporains, tels que la corruption, l’hypocrisie politique et les abus de pouvoir. Le duc de Vienne, personnage central, décide de céder temporairement le pouvoir à son adjoint Angelo, un homme réputé pour sa droiture morale. Mais rapidement, Angelo révèle sa propre faiblesse humaine en abusant de son autorité pour satisfaire des désirs personnels.

Dans cette adaptation intitulée « Le Fléau », le metteur en scène Léonard Matton choisit de réinterpréter les enjeux moraux et politiques sous un angle résolument contemporain. Le titre même évoque la dualité présente dans l’œuvre de Shakespeare : le fléau symbolise à la fois la maladie qui s’abat sur une société et l’instrument de châtiment. Ici, l’accent est mis sur l’exercice du pouvoir dans un monde en pleine mutation, où la pandémie de Covid-19 sert de toile de fond implicite à la réflexion sur la justice et la responsabilité.

 

Une mise en scène immersive et sensorielle

 

Léonard Matton, connu pour son travail visuellement percutant et engagé, ne déçoit pas dans cette nouvelle création. Il utilise le cadre majestueux du Domaine national du Palais-Royal pour offrir une expérience immersive. La scène, en plein air, semble se fondre avec l’architecture environnante, créant un espace propice à la réflexion. Le décor, minimaliste mais suggestif, laisse place à l’imaginaire du spectateur, tandis que des projections vidéo et des jeux de lumière viennent renforcer l’atmosphère tourmentée de l’œuvre.

Le metteur en scène n’hésite pas à intégrer des éléments contemporains dans son adaptation : costumes modernes, répliques parfois revisitées pour mieux résonner avec l’actualité, et surtout une distribution qui reflète la diversité de la société actuelle. Les thèmes de la surveillance, de la répression et de la justice sociale sont ainsi habilement mis en lumière, sans trahir l’esprit de l’œuvre originale.

Mathias Marty taillé 2 ©Olivia Bonnamour sans logotitre-1

Des performances captivantes

 

La réussite de « Le Fléau » repose également sur des performances d’acteurs qui transcendent le texte. Le rôle d’Angelo, interprété par Jean-Baptiste Le Vaillant, est particulièrement marquant. Il incarne un personnage tiraillé entre son apparente vertu et ses pulsions destructrices avec une intensité qui ne laisse pas indifférent. Face à lui, Justine Marçais, dans le rôle d’Isabelle, sœur du condamné, brille par son jeu nuancé, naviguant entre vulnérabilité et force morale.

Le reste de la troupe est tout aussi remarquable, chacun apportant sa touche personnelle à cette fresque humaine complexe. La tension dramatique monte crescendo au fil des scènes, capturant l’attention du public du début à la fin.

Un spectacle profondément actuel

 

Avec cette mise en scène de « Le Fléau, Mesure pour mesure », Léonard Matton parvient à insuffler une nouvelle vie à un classique de Shakespeare, en le rendant particulièrement pertinent dans le contexte actuel. Les questions soulevées sur l’exercice du pouvoir, les abus de ceux qui détiennent l’autorité et la quête de justice trouvent une résonance immédiate dans notre société contemporaine.

Ce spectacle, à la fois beau et dérangeant, interpelle et pousse à la réflexion. Le cadre exceptionnel du Domaine national du Palais-Royal, où l’histoire se mêle au présent, en fait une expérience théâtrale unique. Ne manquez pas cette occasion de découvrir ou redécouvrir une œuvre intemporelle dans une mise en scène moderne et percutante, avant la fin des représentations le 7 septembre 2024.

Extrait vidéo

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