Distribution :
Salomé Villiers, Raphaëlle Lemann, Philippe Perrussel, Bertrand Mounier ou Pierre Helie, François Nambot, Etienne Launay
A l’affiche :
Jusqu’au 30 juin 2017
Lieu :
Théâtre Michel
38, rue des Mathurins
75008 PARIS
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Par Nathaly pour Carré Or TV
Un véritable délice théâtral
qui ne doit rien au hasard
J’assiste ce soir à la première de la pièce de Marivaux « Le jeu de l’amour et du Hasard » au Théâtre MICHEL. Cette œuvre, une des plus jouées au Monde, représentée pour la première fois en 1730, est devenue depuis l’emblème d’un style littéraire à part : le marivaudage, ou l’Art de parler d’amour avec une légèreté de ton, voire avec une pointe de superficialité.
« C’est un homme de conduite qui m’est prédit pour époux »
Un gazon, quelques chaises de jardin, des transats, une petite table ronde, des vasques avec des fleurs. Avec en fond sonore la voix et la musique de David Bowie, on découvre sur grand écran le doux visage d’une jeune femme, celui de Salomé Villiers qui a monté la pièce et qui joue le rôle de Silvia.
Orgon, le père de Silvia, aimerait bien la marier à Dorante, un fils de très bonne famille.
Avant de décider ou non de s’engager dans tout projet de mariage, et afin de mieux juger des valeurs et du physique de son prétendant, Silvia décide de se faire passer auprès de lui pour Lisette, sa servante.
Mais Dorante a lui aussi décidé d’user du même stratagème, en échangeant sa vie avec celle d’Arlequin, son valet, censé vérifier si l’épouse qu’on a choisie pour son maître est aussi belle qu’on le dit.
Dorante et Silvia, les gens du « Monde », deviennent ainsi Lisette et Bourguignon de simples valets, tandis que leurs servants endossent le rôle de leurs maîtres.
Bien entendu, Dorante et Silvia tomberont amoureux l’un de l’autre, Lisette et Arlequin, feront de même, en ignorant tous qui ils sont vraiment.
« Le mérite vaut bien la naissance »
Le texte de Marivaux est inchangé et les acteurs en respectent l’esprit à la lettre.
Cependant la mise en scène dépoussière totalement le classicisme originel de la pièce :
Les personnages ont des costumes contemporains souvent burlesques (Orgon le père apparaît avec de gigantesques chaussons avec des têtes d’escargots, Arlequin est moulé dans un pantalon jaune citron et porte des lunettes noires, Lisette arbore des tenues courtes et sexy).
De petits films mettant en jeu les acteurs sont projetés sur un grand écran et entrecoupent les scènes (Lisette en bikini rouge se retrouve ainsi en train de flirter avec Arlequin dans un jacuzzi).
La gestuelle qui appuie le texte est moderne et pleine de vivacité.
Des acteurs étincelants pour un diamant de marivaudage
Cette pièce suit depuis plus de 2 ans Salomé Villiers, qui la met en scène et porte le rôle de Silvia. Elle est mutine et subtile à souhait et joue à la perfection toutes les contradictions de son personnage « Le souvenir de tout ceci me fera bien rire un jour ». Salomé a fondé en 2009 avec deux des autres acteurs de la pièce (François Nambot et Bertrand Mounier) la Compagnie de « La Boîte aux Lettres ».
Raphaëlle Lemann, est Lisette la soubrette. Elle est voluptueuse et touchante dans ce rôle de femme que l’on autorise pour quelques temps à s’extraire de sa condition habituelle. (Raphaëlle Lemann joue depuis plusieurs années un programme génial pour les enfants « La véritable histoire de la souris et de la brosse à dents »).
Philippe Perrussel est Monsieur Orgon. Acteur de théâtre émérite qui a très souvent joué dans la troupe de Jean-Laurent Cochet, il campe à la perfection un père tendre et drôle.
François Nambot est un Dorante plein de charme. Cet acteur a été remarqué l’année dernière pour son rôle dans « Théo et Hugo sont dans le même bateau », film remarquable sur l’homosexualité masculine.
Etienne Launay est un Arlequin époustouflant de drôlerie, il marquera de son talent ce rôle qui demande une très grande précision comique ( il faut le voir pris dans l’euphorie de son rôle ne pas hésiter à claquer les fesses de Silvia qu’il pense être une simple servante et critiquer les serviteurs : « Oh les sottes gens que nos gens ! »).
Bertrand Mounier est Mario, le frère de Silvia et autant dire qu’il est tout bonnement génial, ponctuant avec ses délicieuses mimiques les divers rebondissements de la pièce.
Les six acteurs se complètent fabuleusement bien et savourent le bonheur de se mettre les uns et les autres en lumière et d’ainsi se magnifier tour à tour.
Une pièce belle et légère comme une bulle de champagne. Vous avez jusqu’au 6 Mai pour y succomber.
Extrait vidéo :
Quel bonheur avec cette troupe chorale, quel vent de fraîcheur ce jeu de l’amour et du hasard, du peps, de la fougue, de la jeunesse, moderne, rien à jeter : courrez y vite !
D’excellents acteurs qui mettent en valeur le texte dans une mise en scène pleine de trouvailles. A voir!!
Bravo pour cette modernité qui n’enlève rien à la qualité de l’oeuvre initiale. Ma fille de 16 ans, très peu férue de littérature, a tellement aimé la pièce qu’elle a eu la meilleure note de son année à l’évaluation sur Marivaux 🙂 merci ! Energie communicative de toute l’équipe !