Artistes :
Catherine Hiegel, Pierre Palmade et Marie-Christine Danède
A l’affiche :
Jusqu’au 16 mars 2019
Lieu :
Théâtre Montparnasse
31, rue de la Gaité
75014 PARIS
Par Ingmar Bergmann pour Carré Or TV
Une histoire fusionnelle
Un auteur à succès, qui se déplace, de ville en ville, pour signer son nouveau roman dans les librairies, rend visite à sa mère qui, même si elle en conçoit une assez grande fierté, ne lit pas les livres de son fils car elle ne se sent pas assez intelligente et instruite pour cela, ni du même monde que lui pour pouvoir seulement les comprendre à moitié ; autrement dit : qui pense que, dans ses livres, son fils auteur ne s’adresse pas à elle ni, seulement, aux « gens comme eux ».
L’auteur de cette pièce a-t-il lu le « Retour à Reims », paru à la Librairie Arthème Fayard, à Paris, en 2009, et qui était récemment à l’affiche du Théâtre de la Ville (direction Emmanuel Demarcy-Mota), après avoir été adapté à la Scène par le dramaturge allemand Thomas Ostermeyer ?
Après avoir d’abord subi la parole de sa mère évoquant mille-et-une choses qui lui paraissent anecdotiques, en présence de la cousine venue en voisine, qui ne réalise même pas dans quelle situation critique elle intervient ni, même, le fait qu’elle participe, sans le vouloir ni, même, seulement s’en rendre compte, ensuite, au basculement qui rendra peut-être possible une réconciliation, le fils se complaît alors dans l’ingratitude la plus accomplie et accable, violemment et avec un acharnement qui nous étonne, sa mère de reproches bileuses, trahissant un véritable mal-être, une rancœur, une aigreur et une difficulté certaine à parler et se parler, se comprendre et vivre ensemble, comme si, après des années passées à s’éviter consciencieusement et à se contenir, le moment, pour le fils, avait enfin sonné, pour déverser sa rage, et avec une telle violence… La mère ne voit pas tout de suite la rage sourde qui cherche à la provoquer, et ne prend pas tout de suite la mesure de cette implacable lame de fond qui l’a prise pour cible comme les malédictions des dieux s’abattent sur les humains dans les tragédies des anciens Grecs. Elle botte parfois en touche, parfois sans même s’en rendre compte car elle ne comprend pas ou feint de ne pas comprendre tout ce que son fils lui reproche en une longue et, apparemment, interminable litanie plaintive, et en semble surprise, quoique sans jamais faillir ni cesser de donner le change à la virulence acharnée de ses atteintes répétées et, faut-il le dire : désespérées, car il y a un désespoir, celui du fils qui appelle celui de la mère, et les deux s’alimentent, l’un de l’autre, en un cercle vicieux que les deux personnages sont bien en peine de rompre.
Il nous semble voir un étrange Œdipe mais qui serait aux prises avec sa mère car il aurait raté l’occasion de « tuer » métaphoriquement son père, grand absent de ce texte : comme si la mère, qui s’est occupée seule de ses enfants, devait encore endurer les reproches que l’on fait à ses deux parents. Le fils lui fait le procès d’avoir été là pour lui d’une mauvaise et insuffisante manière, oubliant surtout qu’elle aurait pu n’être pas là du tout.
Une telle œuvre n’est pas sans nous rappeler l’entrée de la pièce « Extermination du peuple » du dramaturge autrichien contemporain Werner Schaab, quoique cette dernière œuvre soit écrite dans une langue beaucoup moins réaliste et, par conséquent : qui nous paraît peut-être plus brillante car nettement et volontairement plus singulière et caractéristique. On n’a pas eu la chance de revoir cette pièce depuis la production qu’en avait faite, il y a plus d’une quinze année, la Comédie Française, dans le petit théâtre du Vieux-Colombier. Le rôle de la mère aurait été parfait pour Catherine Hiégel, ce qu’elle nous prouve encore aujourd’hui, sur la Scène du Théâtre Montparnasse (direction Myriam Feune de Colombi). S’il s’en sent les épaules assez solides, peut-être verrons-nous, un jour, Pierre Palmade embrasser le rôle du « Misanthrope », de Molière ?
On se rendra donc à ce spectacle en famille et entre amis, à condition d’être moralement en forme, afin de s’interroger sur la difficulté des rapports entre une mère et son fils ou, de façon plus générale : sur la difficulté que nous avons à nous entendre avec les êtres qui nous sont chers depuis des années. C’est un sujet qui est vieux comme le monde, nous vous l’accordons ; mais on n’en finit pas de l’explorer.
Touchant ce rapport mère/fils. Pierre Palmade super dans son jeu de fils « à claquer » et Catherine Hiegel fait bien ressentir tristesse et crainte de cet échange pénible avec son fils.
Texte subtilement écrit qui permet d’être alternativement le fils ou la mère. C’est émouvant, mais drôle également : une comédie humaine. Catherine Hiegel et Pierre Palmade fonctionnent bien ensemble.
Tout y est pour passer un bon moment de réalité Mère et fils allez ensemble voir cette belle pièce Bravo maman, bravo fiston et bravo la voisine !!!