Artiste :
Camille Razat
A l’affiche :
Jusqu’au 23 décembre 2018
Lieu :
Théâtre des Mathurins
36, rue des Mathurins
75008 PARIS
Par Marie-Christine pour Carré Or TV
Belle performance !
Première pièce d’Amanda Sthers, interprétée en 2006 par Mélanie Laurent avec une mise en scène de Jacques Weber Douze ans. Après, Camille Razat, jeune comédienne reprend le rôle et fait ses premiers pas au théâtre des Mathurins avec comme metteur en scène le grand cinéaste allemand Volker Schlondorff, palme d’or et oscar du film étranger pour « Le Tambour ».
Un vieux juif de 77 ans rescapé des camps de la mort hante l’esprit de cette jeune fille blonde. Elle souffre pour les psychiatres et sa famille d’un dédoublement de la personnalité, appelé : Schizophrénie. Durant une heure dix nous souffrons avec cette très belle jeune fille qui se prend parfois pour un vieux juif au corps arthrosique, se rappelant son passé : les sévices des camps de concentration, la musique juive…
Habitée par ce dernier, elle parle et chante hébreu, possède jusqu’à l’humour juif ! Respecte les rites de la religion juive et jeûne le jour du Kippour, au grand dam de sa famille dont la plupart des repas met à l’honneur le porc sous toutes ses formes !
Cette pièce est un long monologue. Camille Razat offre une interprétation d’une grande sincérité. Elle lutte, lutte avec elle même, avec ses proches.
Qui est-elle vraiment ? Une jeune femme blonde de 20 ans ou ce vieillard juif au nom de Joseph Rosenblath ? Quelle est sa véritable identité ?
Son entourage familial la traite comme une malade mentale. Sans compassion et avec brutalité morale et physique.
Camille Razat emprunte avec talent, tantôt la voix hautaine de sa mère, celle de sa grand-mère nasillarde et chevrotante…
Ce retour à la réalité est empreint d’humour et nous permet aussi de faire une pause et de reprendre notre souffle.
Volker Schlondorff a su réaliser une mise en scène tout en finesse avec la présence de Stanislas Makovski, violoncelliste, présent tout au long de la pièce. Les sons de cet instrument donne un rythme émotionnel, exprime l’intimité de cette jeune femme, ses états d’âme.
Il suit en permanence des yeux la comédienne.
Tantôt faibles, tantôt stridents, les accords du violoncelle traduisent toute la douleur de cette dernière, jusqu’aux battements de son cœur. Comédienne et violoncelliste ne font plus qu’un ! Le jeu des lumières est également très subtilement réglé au rythme des émotions. Le fond de scène : Un rideau représentant une forêt de bouleaux à perte de vue, le froid sibérien majore la détresse morale de cette jeune femme, son enfermement psychologique.
Le dénouement est libérateur et démontre une fois encore que seul l’amour peut faire des miracles.
Cette belle et jeune comédienne Camille Razat est totalement habitée par ce rôle dur, éprouvant physiquement et psychologiquement. Toujours au bord des larmes, son interprétation nous bouleverse.
La carrière théâtrale de cette comédienne est vraiment à suivre attentivement.
Quel moment intense ! Le texte est très fort et merveilleusement bien écrit. La jeune comédienne vit la situation avec une très belle sincérité du début à la fin. Le musicien apporte de la magie à cette histoire qui bouleverse… J’ai été émue aux larmes… N’hésitez pas, allez voir cette magnifique pièce où les moments d’humour se mélangent aux moments intensément dramatiques.
Cette pièce a une force en elle. Cette nouvelle mise en scène nous fait profiter pleinement de cette énergie. L’artiste habite totalement le personnage et nous sortons de ce spectacle en ayant voyager dans beaucoup de sentiments. À voir.
A vrai dire, je ne suis pas allé voir avec grande envie cette pièce de théâtre. Mais alors, quelles surprises! La mise en scène soignée signée Volker Schlondorff ; la musique jouée sur scène par le Violoncelliste ; et surtout l’interprétation remarquable par l’Actrice Comédienne Camille Razat. Quel talent elle a !!! A voir sans tarder!