Artiste :
Michel Jonasz, Eddy Moniot, Judith Magre
A l’affiche :
Jusqu’au 1 avril 2018
Lieu :
Théâtre la Bruyère
5, rue Labruyère
75009 PARIS
Par Nathaly pour Carré Or TV
Une pièce pleine
de candeur et d’intelligence
qui réconcilie l’inconciliable
A soixante dix ans d’intervalle, deux hommes meurent tous les deux au même endroit, au 4 de la rue Papillon à Paris : Joseph tué en 1942 Par la Police Française qui était venue le déloger lui et sa famille de son domicile et le jeune Haïssa abattu lors d’un contrôle « d’identité française ».
Ils se retrouvent, fantômes, sur le même banc, coincés entre le Vie à laquelle ils n’appartiennent plus et qu’ils observent en spectateurs passifs et le Royaume de Dieu qu’ils ne sont pas vraiment pressés de rejoindre.
Joseph attend toujours de savoir ce que sa femme Esther et leurs 3 enfants sont devenus et Haïssa, qui est encore vierge, a tout simplement envie de continuer une vie fauchée bien trop vite
« Bienvenu dans le Monde des Fantômes ! »
Joseph, ancien luthier, qui erre sur son banc depuis plus de 70 ans regarde les gens passer devant lui, sans pouvoir entendre ce qu’ils disent, ou ce qu’ils vivent. Il est ainsi totalement déconnecté du monde actuel ou du langage moderne, ne sait pas ce qu’est un Monoprix, un rebeu, ou ce que signifie l’expression « Ta race ! ».
Haïssa (qui lavait les bus de la RATP, les mêmes bus français qui ont effectué les rafles de juifs en 1942 et qui ont ainsi emporté la famille de Joseph) va former le vieux juif à l’argot des rues et lui faire découvrir ce que le Monde est devenu : le nouveau racisme contre les arabes, Daech, les ipad…
Haïssa qui évite soigneusement de parler à Joseph de la Shoah dont ce dernier ignore tout, une shoah qui a vraisemblablement décimé toute sa famille dans les camps de la mort érigés par les nazis.
Joseph finira par découvrir l’innommable, l’impensable, mais aussi que sa fille cadette a échappé aux camps et qu’elle est toujours vivante.
Quand une belle histoire éclaire
de sa douceur la tragédie de la « grande Histoire »
Après quelques mois de représentation au Théâtre du Gymnase, « Les Fantômes de la Rue Papillon » reprennent au Théâtre La Bruyère, espace qui correspond parfaitement à l’intimité nécessaire à une telle œuvre.
Et si cette pièce évoque des sujets brûlants (l’antisémitisme et le racisme) , elle le fait avec beaucoup d’intelligence et de bienveillance.
Les deux personnages parviennent à aborder tous les sujets qui fâchent sans pour autant prendre partie ou faire preuve de prosélytisme. Et en plus en nous faisant beaucoup rire, ou tendrement sourire.
Et c’est en ce sens un véritable exercice d’équilibrisme que réussit Dominique Coubes qui a écrit et mis en scène « Les Fantômes de la Rue Papillon ».
Michel Jonasz est Joseph
Celui qui chantait « Super Nana » et qui, au théâtre, a illuminé la mémoire de son grand-père mort durant la Shoah en écrivant et interprétant pendant plusieurs années « Abraham écrit », s’empare totalement de son personnage en le nappant de sagesse et de nostalgie.
Eddy Moniot est Haïssa et reprend avec brio le rôle joué auparavant par Samy Seghir.
Eddy Moniot qui a crevé l’écran dans le documentaire « A VOIX HAUTE » consacré au concours d’éloquence qu’Eddy a remporté en 2015 à l’Université de Saint-Denis et qui est devenu depuis chroniqueur sur Europe1, joue un jeune beur empli de spontanéité et d’humanisme.
Ils forment tous deux un duo parfait où chacun existe, s’exprime et laisse l’autre parler.
Notons aussi la participation amicale de Judith Magre qui apparaît magistrale dans une vidéo, où elle joue le rôle de la seule rescapée de la famille de Joseph.
« Les fantômes de la rue Papillon » hanteront pour quelques semaines le Théâtre la Bruyère pour vous délivrer une très belle leçon de Vie.
Un thème de pièce lourd, approché par un duo improbable, originale cette pièce est un petit bijou… Sourires.. rires.. un cocktail d’émotion pour une fin de soirée réussie géniale à voir rapidement
Bravo aux deux acteurs. Pièce tout simplement magnifique. A voir absolument.
J’ai adoré un artiste de géni et un nouveau talent Ils sont magistraux tous les deux J’ai adoré je recommande à voir et et revoir Une belle leçon de générosité et de tolérance merci merci