Lettre d’excuses au Théâtre Le Lucernaire

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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Un pièce savoureuse, très intime !

 

Avec son gros cahier en main, Patrick Chesnais nous livre, durant 1h10, ses lettres écrites au fil des années, adressées à divers proches. Ce moment d’intimité, de confession, est une parenthèse privilégiée où l’on découvre que cet immense comédien est avant tout un homme : un fils, un père, un mari, un grand-père. Derrière l’acteur se cache un être humain, avec ses faiblesses, ses erreurs, ses émotions.

Patrick Chesnais a toujours su jongler entre le drame et le comique, oscillant entre « mi-figue, mi-raisin », aiguisant ainsi notre curiosité. Qui est-il vraiment ? Il joue carte sur table et nous dévoile : « Je suis né en 1946 et non en 1947 comme l’indique Wikipédia. Ne cherchez pas, j’ai 78 ans, octogénaire dans deux ans ! Eh oui, la vie passe… »

Sa première lettre, déchirante, est adressée à Ferdinand, son fils disparu depuis 18 ans, dont l’absence le hante chaque jour. Et en fin de spectacle, une dernière lettre est dédiée à son petit-fils, ce « petit bonhomme » de quelques mois, qui lui redonne le sourire, l’espoir, l’envie de vivre et de trouver que la vie, malgré tout, est belle mais aussi cruelle.

Tout au long de ces récits, nous oscillons entre deux eaux. Parfois, la souffrance de l’auteur atteint son paroxysme, comme dans la lettre à sa mère, qui l’attend chaque jour dans cet EHPAD de Cachan, où les journées monotones sont éclairées par le seul espoir des vacances à l’île de Ré, en compagnie de son fils.

Avec l’âge, la douleur de Patrick Chesnais semble s’intensifier. La vieillesse, la mort… Ah, cette dernière, il la méprise, l’insulte, n’ayant pas de mots assez durs pour la repousser. Dans sa lettre sur le Covid-19, alors qu’il a été sévèrement touché par ce virus encore méconnu, il sent la grande Faucheuse rôder. Mais il se bat comme un diable, et jour après jour, il remporte la bataille, en soulignant la tendresse et le soutien de sa compagne, Josiane.

Ces lettres non envoyées et consignées forment, ni plus ni moins, un recueil de mémoires. À chaque lecture, Patrick Chesnais prend soin de s’excuser, reconnaissant qu’il a pu commettre des erreurs, des maladresses, des négligences, des excès qui ont pu blesser ses proches. « Alors oui, je m’excuse », dit-il. Mais il ne demande aucun pardon, ayant souvent fait de son mieux. Est-ce vraiment des excuses ? Ou simplement un constat d’échec lors de certaines occasions ? Nul n’est parfait.

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Cependant, sa démarche d’excuse est noble et témoigne d’une grande humilité, surtout en lisant à voix haute ces lettres intimes. Toutes ces lettres ne sont pas empreintes de nostalgie. Certaines sont excessivement drôles, cocasses même, nous faisant éclater de rire. Patrick Chesnais ravive des souvenirs d’enfance, et avec la « Mémé de la Garenne », il nous replonge dans les émissions cultes de la TSF, faisant défiler sous nos yeux nos jeunes années.

Le spectacle est mis en scène par sa propre fille, Émilie Chesnais, faisant de cette performance une véritable histoire de famille. Ces lettres d’excuses à cœur ouvert nous offrent un grand moment d’émotion, d’humour, d’espièglerie et une bouffée d’humanité.

Le Théâtre Lucernaire est le lieu parfait pour cette œuvre intimiste, « Lettres d’excuses », que Patrick Chesnais interprète seul en scène jusqu’au 10 novembre 2024.

Un coup de cœur théâtral.

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