Par Marie-Christine pour Carré Or TV
Une très belle surprise !
Sur les traces de Choderlos de Laclos, Marjorie Frantz a eu le génie de trouver une suite au célèbre roman « Les Liaisons dangereuses » paru en 1782 , en imaginant un dialogue entre la Marquise de Merteuil et Cécile de Volanges, 15 ans après le duel opposant le Chevalier de Danceny et le Vicomte de Valmont et au cours duquel ce grand séducteur devant l’éternel trouva la mort.
En intitulant sa pièce de théâtre : « Merteuil », l’autrice place une fois encore, la Marquise au centre de l’action. Cette dernière vit depuis le décès de Valmont recluse à l‘étranger, loin de Paris et de ses salons. Marjorie Frantz interprète avec brio cette grande libertine.
La Marquise a reçu un billet assez mystérieux lui demandant de se rendre dans un relai de chasse. Elle ignore non seulement les motifs de ce rendez -vous et surtout qui en est à l’origine.
Le temps passe, la Marquise commence vraiment à s’impatienter, elle arpente le salon de long en large, prête à parti, quand soudain une femme encore jeune fait son apparition. Celle-ci tourne autour d’elle comme un oiseau de proie et fait durer le plaisir. Merteuil parait légèrement déstabilisée car elle ne reconnait pas dans cette jeune femme les traits d’une personne connue et ignore ses intentions.
Cécile de Volanges veut mettre à l’épreuve la Marquise, elle jouit pleinement de cet instant tant attendu. Revoir Merteuil, 15 ans après avoir été violée selon ses dires par le Vicomte de Valmont, complice de la Marquise. Elle était alors totalement innocente dans tous les sens du terme, ne connaissant rien de la vie. Ce duo machiavélique : Valmont -Merteuil avait trouvé́ en elle la victime idéale !
Valmont ce grand séducteur usait alors de son charme. Pour lui, l’amour n’était qu’un jeu, il se plaisait à désacraliser l’amour et se vantait de ses prouesses amoureuses.
Comme la Marquise, Valmont était un être cynique qui prenait plaisir à briser les cœurs des jouvencelles. N’avaient-ils pas organisé tout deux un projet de séduction visant la Présidente de Tournel. S’amouracher de cette dernière pour mieux ensuite l’abandonner !
Combien de jeunes filles sont ainsi tombées dans la toile tissée par ces deux ex- amants cyniques, puis ensuite abandonnées et esseulées finissant leurs jours au couvent.
Cécile de Volanges va enfin pouvoir se venger de Merteuil devenue aujourd’hui une femme vieillissante, malade, ayant perdu son charme d’antan, la petite vérole ayant fait son œuvre, mais conservant néanmoins cette arrogance qui fit sa légende.
Merteuil a elle aussi des comptes à régler et souhaite faire publier auprès d’un éditeur parisien les lettres échangées avec Valmont, ce cher Vicomte restant à jamais l’Amour de sa vie. Merteuil reconnaît enfin Cécile, mais ce ne sont pas de chaleureuses retrouvailles !
Nous assistons au contraire à une véritable joute verbale entre ces deux femmes que tout oppose. Marjorie Frantz a vraiment trempé sa plume dans la même encre que celle de Choderlos de Laclos. Ce dernier aurait sans aucun doute aimé retrouver ce beau parler du 18ème siècle et aurait pardonné à Marjorie Frantz certaines libertés prises par rapport à son roman.
Chloé́ Berthier prend les traits de Cécile de Volanges, cette jeune comédienne, également actrice est absolument convaincante de sincérité́. Est -elle vraiment victime ? Ou veut-elle le faire croire ?
Merteuil aborde avec désinvolture les sujets sociétaux : l’éducation, l’émancipation des femmes, la sexualité́, au risque de froisser Cécile se voulant une veuve respectable et respectée.
La mise en scène confiée à Salomé Villiers nous livre une pièce digne du siècle des lumières. 1h 10 de très bon théâtre à recommander vivement et un grand bravo à Marjorie Frantz.