Tant qu’il y a de l’amour au Théâtre de la Michodière

Par Nathaly pour Carré Or TV

Une comédie irrésistible,

un humour décapant

Jean et Marie sont mariés depuis 30 ans. Une certaine lassitude s’est installée entre eux (« Tu me trouves comment ? »). Jean tient à sa routine, à retrouver chaque soir sa femme, même s’il la trompe avec une ravissante jeune femme de 30 ans, une maîtresse qu’il rejoint chaque après-midi dans son atelier d’ébénisterie.

Je couche avec un veuf

qui a un côté printanier

Du côté de Marie, les choses sont beaucoup plus claires, elle ne supporte plus son mari (son sourire souffrant et les poils qui lui sortent du nez), elle est amoureuse de Paul, le pharmacien veuf du village et elle est bien déterminée à quitter Jean, même si elle doit pour cela le tuer. Et qui de mieux qu’un amant pharmacien pour l’aider à empoisonner un époux devenu indésirable ?

Entre deux étreintes dans l’arrière boutique de l’officine de son amant, parfois couchés sur des paquets de couches pour nourrissons, Marie exhorte Paul à lui préparer les décoctions létales qui la libéreraient enfin d’un mari qui refuse obstinément qu’ils se séparent.

Oui mais que se passe-t-il quand le mari résiste et survit à toutes les boissons empoisonnées ?

« Ma maîtresse m’a quitté et ma femme veut me quitter »

Un mari, son épouse, l’amant et la maîtresse, « Tant qu’il y a de l’amour » aurait pu s’appeler « Crime et officine » tant son humour décalé rappelle les meilleures comédies britanniques. Et cette pièce qui démarre au Théâtre de la Michodière est un régal de vaudeville. « Tant qu’il y a de l’amour » est extrêmement drôle.

Marie-Anne Chazel est Marie la femme qui souhaite devenir veuve.

Actrice encore indissociable de l’irremplaçable Troupe du Splendid (« Les Bronzés », « Le père Noël est une ordure »…), elle enveloppe depuis plusieurs décennies de son humour et de sa gouaille cinéma, télévision et théâtre.

Tonique, et éclatante de vitalité, elle domine la scène, malgré un pied qu’elle s’est fracturé le jour même en répétition.

Patrick Chesnais est Jean, le mari qui ne veut pas se séparer, et qu’on ne peut pas faire mourir.

Acteur hors normes, fabuleusement bougon, menant sa brillante carrière en dehors des sentiers battus, pouvant devenir tout autant De Gaulle devant la caméra de Serge Moati, que le commissaire Rousseau flic abîmé par la vie dans une captivante série télévisuelle.

Sa force comique emporte tout sur son passage et ravit les spectateurs.

Laurent Gamelon est Paul, l’amant pharmacien.

Acteur prolixe du théâtre de boulevard où il a joué dans des pièces aussi diverses que « Le placard » de Veber, ou « Le Dindon » de Feydeau, il reste présent dans l’esprit de tous pour ses rôles à la télévision, comme le sympathique ancien mari de Victoria Abril dans « Clem » ou le tendre amant d’Anny Duperey dans « Une famille formidable ».

Dans « Tant qu’il y a de l’amour », sa tonitruante corpulence est un véritable bonheur.

Valérie Bègue est Inès, la jolie maîtresse, très amoureuse de Jean.

Cette Miss France 2008, confirme sa reconversion d’actrice de théâtre entamée dès 2010 et apporte une indéniable note de séduction à la pièce.

« Tant qu’il y a de l’amour » est la 3^ème pièce de Bob Martet en tant qu’auteur (il est également un acteur talentueux).

La mise en scène, vive et gaie est d’Anne Bourgeois.

Une mention spéciale aux superbes décors d’Edouard Laug.

« Tant qu’il y a de l’amour » est indéniablement le vaudeville à ne pas louper lors de cette rentrée théâtrale 2017.

Une bénéfique séance de détente ponctuée de rires que je recommande très vivement.