Truffaut : Correspondance au Théâtre le Lucernaire

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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Une belle découverte !

 

Le 21 octobre 1984, François Truffaut nous quittait, bien trop tôt ! Quarante ans après sa disparition, grâce à ses nombreuses réalisations cinématographiques, ses articles dans les Cahiers du cinéma, et sa correspondance, Truffaut demeure à jamais vivant dans nos mémoires.

Le Lucernaire présente actuellement « Truffaut – Correspondance », interprété par l’excellent comédien David Nathanson. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ce spectacle n’est pas une simple lecture de lettres envoyées par François Truffaut en tant que critique ou réalisateur de films, ni de simples missives personnelles. David Nathanson se glisse dans la peau de ce grand cinéaste pour nous faire revivre les nombreux courriers envoyés entre les années 1950 et 1980.

Le spectacle est accompagné musicalement par les pianistes Antoine Ouvrard et Pierre Courriol, qui alternent sur scène. La musique, parfois douce, parfois effrénée, souligne les émotions des lettres, certaines étant longues et passionnées, d’autres absolument déchirantes.

Comme dans la plupart des films de Truffaut, la musique occupe une place importante. Les metteurs en scène, Judith d’Aleazzo et David Nathanson, ont respecté cette règle, créant une ambiance à la hauteur des correspondances.

Un des moments forts du spectacle est la lettre enflammée que Truffaut adresse à Jean-Luc Godard en 1973. Pleine de sincérité, mais aussi d’amertume, cette missive est un véritable coup de poing. Truffaut n’y va pas de main morte, traitant Godard de « véritable merde ». À ce moment précis, la musique atteint son paroxysme.

David Nathanson livre une performance remarquable. Entre deux lettres, il partage des confidences sur l’enfance, la vie, les amours et les engagements politiques de Truffaut. On découvre également une facette intime de sa vie familiale, notamment la relation complexe avec sa mère, Jeanne de Montferrand, qui l’a confié à des nourrices peu de temps après sa naissance. Enfant non désiré, Truffaut est reconnu par Roland Truffaut en 1933, mais il ignore longtemps la vérité sur ses origines. À 35 ans, il retrouve enfin son père biologique, après des années de quête.

Mal aimé dans son enfance, il connaît une adolescence difficile, marquée par des échecs scolaires et un passage en maison de redressement. Plus tard, une psychothérapie l’aide à surmonter ses idées suicidaires, et il s’engage dans l’armée, espérant trouver la mort pendant la guerre d’Indochine. Rapidement, il réalise son erreur et, pour éviter la prison pour désertion, il feint la folie. Réformé pour instabilité caractérielle, il reprend alors sa vie en main.

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André Bazin, l’un des fondateurs des « Cahiers du cinéma », devient son père spirituel et l’introduit dans le monde de la critique cinématographique. Truffaut y fait ses premières rencontres avec des figures emblématiques du cinéma comme Cocteau, Rohmer, Rivette et Chabrol. Ensemble, ils dénoncent le « cinéma de papa », et ainsi naît la Nouvelle Vague.

Critique redouté et qualifié de « démolisseur du cinéma français », Truffaut admire pourtant Jean Renoir, qu’il considère comme « le plus grand cinéaste du monde », et le cinéma américain, en particulier Orson Welles et Alfred Hitchcock, avec lequel il réalise une longue interview.

En 1959, Truffaut passe de la critique à la réalisation avec « Les 400 Coups », un succès fulgurant qui marque le début d’une série de films à succès comme « Antoine et Colette », « Baisers volés » et « Domicile conjugal ». Il collabore avec Jean-Pierre Léaud, Claude Jade et Delphine Seyrig. Cependant, tous ses films ne rencontrent pas le même succès, comme « Fahrenheit 451 », qui divise le public.

Sa vie sentimentale est également tumultueuse, rythmée par des coups de foudre pour ses actrices. Mais au travers de sa correspondance, on découvre surtout Truffaut l’écrivain, un homme passionné qui a mis toute son énergie à révolutionner le cinéma de son époque.

Le spectacle « Truffaut – Correspondance » est une véritable pépite à découvrir au Théâtre du Lucernaire jusqu’au 10 novembre 2024. Vous aurez certainement envie de revoir les films de ce grand cinéaste et de relire ses critiques des Cahiers du cinéma.

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