Une histoire d’amour à la Scala

Cinq micros sur pied pour cinq comédiens interprétant là célèbre chanson de Charles Aznavour « Et Pourtant, pourtant je n’aime que toi »…

Ainsi débute « Une histoire d’amour ».

Les décors de Juliette Azzopardi sont réduits à leur plus simple expression : Un lit, un bureau, un canapé́, une cuvette de toilette ! Preuve que nous allons vivre un moment de grande intimité́ et oublier les gestes barrières et le tout sur roulettes pour être dans le tempo !

Début 2020, Alexis Michalik met en scène et interprète dans ce magnifique Théâtre de la Scala « Une histoire d’amour ». La suite nous la connaissons malheureusement… Et, enfin, avec la réouverture des salles de spectacle nous retrouvons avec un immense plaisir cette pièce écrite dans un registre nettement plus intime.

« Une histoire d’amour » nous ramène à la vraie vie, que « Le porteur d’histoires » ou le « Le cercle des Illusionnistes » Alexis Michalik abandonne le style des pièces à tiroir.

En revanche, les comédiens doivent toujours s’adapter au rythme soutenu des scènes et des plans successifs qui s’enchainent à toute vitesse. 15 ans de vie en 1 heure 30 ! Il ne s’agit pas de perdre la cadence.

« Une histoire d’amour » nous ramène à la vraie vie, avec ses moments de grand bonheur et aussi de peines, voire de chagrins dont on ne se remet difficilement ou pas du tout.

Deux femmes :

Katia, homosexuelle confirmée, fragilisée par une enfance difficile. 10 ans d’analyse pour tenter de traiter ce syndrome d’abandon qui lui tord les intestins et lui provoque des crises de panique.

Justine, pure hétéro, du moins le pense-t-elle ! Cette dernière est curieuse de tout, sensuelle, c’est la joie de vivre incarnée, sans problèmes existentiels, l’anti-thèse somme toute. Elle découvre avec Katia l’amour et connait pour la première fois une jouissance sexuelle hors normes.

Katia et Justine s’aiment, inséparables durant 3 ans, unies par une union cosmique ! Tout se passe bien jusqu’au jour où Justine souhaite avoir un enfant. L’unique solution : Insémination par donneur anonyme.

Katia est réticente, sa mère est morte alors qu’elle était enfant, ce poids de l’hérédité́ la terrorise pourtant c’est elle qui sera enceinte la première.

Dès les premiers mois de grossesse Justine la délaisse et sort sans elle de plus en plus souvent. Justine tombe amoureuse d’un homme et quitte Katia sur le point d’accoucher.

Juliette Delacroix (Katia) et Marie -Camille Soyer (Justine). Ces deux comédiennes sont absolument remarquables, chacune dans leur registre respectif.

Commence alors la seconde partie de la pièce :12 ans se sont écoulés.

La petite Jeanne vit avec sa mère. C’est une fillette sérieuse, très avancée pour son âge, lisant des ouvrages littéraires philosophiques. Elle forme avec sa mère un couple Mère Fille, aucune famille, hormis William, le frère de sa mère : Romancier à ses heures, alcoolique et totalement à la dérive depuis le décès accidentel de Claire sa compagne. Claire est cependant omniprésente dans la vie de ce paumé.

Pauline Bression : « Claire » sur scène nous séduit par sa grâce gestuelle. Fauve Hautot en a assuré́ la chorégraphie et ce personnage fantomatique donne de là légèreté́ à la pièce.

A Michalik a-t-il voulu donner un clin d’œil au film « Ghost » ?

Un grand coup de chapeau à Clément Aubert qui a repris le rôle de ce frangin déboussolé́, tenu initialement par A Michalik.

Katia est de santé fragile, après , un premier cancer vaincu, l’oncologue lui annonce que ce dernier a récidivé́ et qu’il ne lui reste que quelques semaines à vivre !!!

Qui va s’occuper de Jeanne ? William ? Si ce dernier refuse, la fillette sera placée en famille d’accueil.

Cet oncle egocentrique dépassé́ par les événements et ses nouvelles responsabilités, va avoir alors une idée prodigieuse : Retrouver Justine et lui confier Jeanne !

12 années se sont écoulées, mariée, mère de deux enfants… Un projet fou est échafaudé́ : Un voyage où Katia et Justine se retrouveront…