Malwida au Studio Hébertot

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Par Marie-Christine pour Carré Or TV

Grace, douceur et élégance !

 

Une fois encore, Michel Mollard nous entraîne sur les traces de Romain Rolland. Cet auteur nous avait enchantés l’an dernier avec sa pièce Dernières notes, jouée également au Studio Hébertot.

Soirée intimiste : 24 décembre 1944, passée en compagnie de Romain Rolland dans sa maison de Vézelay. Cet immense écrivain retrace les grandes étapes de sa vie, quelques jours seulement avant sa mort. Nous avions déjà partagé son amour pour la musique, en particulier sa passion pour Beethoven, dont il a écrit la biographie.

Dans Malwida, le piano tient également une place de choix. Grâce à Ilyes Bouyenzar, pianiste émérite et comédien, nous entrons dans l’intimité amicale de Romain Rolland et de Malwida von Meysenbug. Pacifiste, ami de Stefan Zweig, normalien, intellectuel et lauréat du prix Nobel de littérature, Romain Rolland rencontre, alors qu’il est très jeune, cette brillante personnalité reconnue dans les milieux intellectuels européens : Malwida.

L’instigateur de cette rencontre n’est autre que Gabriel Monod, interprété par le comédien Benoit Dugas. Cinquante ans les séparaient, mais les grands esprits n’ont pas d’âge. Malwida et Romain Rolland se voient fréquemment, en France, en Italie… et échangent pendant 14 ans pas moins de 1500 lettres !

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Mais qui était vraiment Malwida von Meysenbug ?

Féministe, autrice des Mémoires d’une idéaliste – ouvrage préfacé par Gabriel Monod, mentor de Romain Rolland –, Malwida était une grande voyageuse : Francfort, Ostende, Hambourg, Londres, puis l’Italie en raison de sa santé fragile. Elle s’installe à Rome, où elle sera inhumée. Sur sa sépulture, deux mots la caractérisent : Amore et Pace.

Qui d’autre que Madame Bérangère Dautun pouvait incarner cette femme unique, dont la personnalité transcendait toutes les frontières ? Cette immense comédienne est véritablement Malwida ! Femme passionnée, libertaire, Malwida quitte sa famille très jeune pour vivre avec Théodor Althaus, avant de côtoyer tout au long de sa vie des personnalités comme Richard Wagner, Michelet, et Friedrich Nietzsche. Elle partage amitiés et échanges intellectuels avec des hommes et des femmes d’exception.

Malwida, peu fortunée, a dû gagner sa vie comme traductrice, puis éducatrice pour Natalie et Olga, les filles d’Alexandre Herzen. Olga épousera Gabriel Monod, historien français et ami de Malwida, qui fait découvrir cette femme remarquable à son jeune protégé : Romain Rolland. Ce dernier, en proie au doute, hésite entre abandonner l’enseignement supérieur et se consacrer à la littérature. Contrairement à Monod, cette idéaliste passionnée l’encourage : Romain Rolland est un écrivain. Nous ne pouvons que lui en être reconnaissants.

Certains sont des passeurs d’âmes, mais Malwida von Meysenbug est incontestablement une passeuse d’esprits. Passionnée de musique, comme Romain Rolland, elle assiste à plusieurs reprises au Festival de Bayreuth, où elle fréquente Wagner et Liszt. C’est grâce à elle que Lou Salomé rencontre Nietzsche, avec qui elle vivra le plus grand amour de sa vie. Nietzsche, fidèle ami de Malwida, entretient avec elle une riche correspondance, jusqu’au moment où sa santé mentale commence à décliner.

Tout comme dans Dernières notes, François Michonneau assure la mise en scène de cette merveilleuse pièce, empreinte de délicatesse, mettant à l’honneur le piano et les grands compositeurs, tout en éclairant cette petite dame à l’apparence fragile, mais à l’esprit pétillant. Tout au long de cette œuvre, nous savourons avec plaisir la voix chaude de Jean-Claude Drouot, un narrateur remarquable.

Ne manquez pas cette nouvelle pépite de Michel Mollard, à applaudir au Studio Hébertot.

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